Au Sénégal, des organisations de la société civile s'opposent à un 3e mandat de Macky Sall

Des membres d’organisation de la société civile invitent Macky Sall à ne pas briguer un 3ème mandat. « Jàmm a Gën 3ᵉ mandat » en wolof, « la paix vaut mieux qu’un troisième mandat » appelle le chef de l’Etat sénégalais à se prononcer avant la présidentielle de 2024.
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Prsident Macky Sall
Le président sénégalais Macky Sall s'exprime lors d'une conférence de presse à l'issue d'un sommet UE-Afrique à Bruxelles, le vendredi 18 février 2022.
© John Thys/ AP
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Nous [...] vous invitons solennellement à ne pas présenter votre candidature à l’élection présidentielle de 2024”. La lettre ouverte publiée par un collectif d’organisations et de personnalités de la société civile sénégalaise commence par ces mots.

“Vous avez su tirer les leçons de votre engagement personnel dans la lutte contre le “troisième mandat”" indique le collectif. Il faut rappeler qu’il y a dix ans, en 2012, Abdoulaye Wade briguait un troisième mandat. Le Président de la République avait déjà été élu par deux fois en 2000 et en 2007, sa candidature avait alors soulevé une vague de protestation.

Contre un troisième mandat en 2012

Au second tour, Abdoulaye Wade reconnaîtra sa défaite. Son ancien Premier ministre, qui n’est autre que Macky Sall devient donc le quatrième homme à accéder à la tête de l’Etat sénagalais depuis l’indépendance du pays.
 
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Après son élection, Macky Sall a pris des engagements concernant le nombre de mandats à briguer de façon consécutive par un même candidat. Aujourd’hui, des figures de l’opposition et de la société civile lui rappellent ses positions d’alors. La lettre du collectif se poursuit ainsi : “Vous-même, Monsieur le Président avez dit et répété à maintes occasions, avant votre réélection en 2019 que vous n’aviez pas la possibilité de faire plus de deux mandats consécutifs, vous l’avez même clairement indiqué dans votre ouvrage, "Le Sénégal au cœur – 2019”.

Sortir du flou

Dans une déclaration publiée jeudi 27 octobre 2022, des organisations de défense des droits humains et de la démocratie comme AfrikaJom ou la Raddho, associées à d'autres, rappellent qu'ailleurs en Afrique par le passé le forcing pour un troisième mandat a eu des conséquences "particulièrement tragiques", apparente référence à des précédents guinéen, ivoirien ou même sénégalais.
Elles disent vouloir "éviter à notre pays un scénario du chaos".


"Pour nous éviter une telle catastrophe dont les conséquences pourraient être encore plus dramatiques que le bilan de 2012, nous vous invitons, Monsieur le président, à faire une déclaration ouverte pour lever toute équivoque", écrivent-elles. 

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En 2012, la candidature d'Abdoulaye Wade à un troisième mandat avait provoqué des violences qui avaient fait plusieurs morts. Les ONG soulignent que Macky Sall avait alors combattu le troisième mandat, lutte dont il avait été le "principal bénéficiaire".

Nous "vous invitons solennellement à ne pas présenter votre candidature à l’élection présidentielle de 2024, par respect pour la parole donnée et par respect pour l’interprétation claire et sans équivoque que vous n’avez cessé de donner de notre Constitution", disent-elles.

Le refus d'un troisième mandat a été l'un des mots d'ordre des émeutes de 2021 au Sénégal dans un contexte social et sanitaire tendu.

Vidéo : "La démocratie, ce sont des conquêtes perpétuelles"

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