Fil d'Ariane
La France a commencé la restitution de plusieurs installations de l’armée française au Sénégal, vendredi 7 mars. Elles sont les premières à avoir été transférées dans le cadre de son retrait militaire du pays.
Des membres de l'équipage militaire français discutent sur le tarmac de la base aérienne militaire française de Dakar, au Sénégal, entre deux vols vers le site présumé du crash d'un avion d'Air France disparu, mardi 2 juin 2009.
La France a commencé à restituer plusieurs installations utilisées par l'armée française au Sénégal, les premières transférées dans le cadre, d'ici la fin de l'année, de son retrait militaire de ce pays ouest-africain.
"La partie française a remis à la disposition de la partie sénégalaise les installations et logements des quartiers Maréchal et Saint-Exupéry, ce vendredi 7 mars 2025" à Dakar, a annoncé vendredi 7 mars l'ambassade de France dans la capitale sénégalaise.
D'autres emprises "seront restituées selon le calendrier conjointement agréé", indique le communiqué, sans plus de précisions.
Le Sénégal est resté, après son indépendance en 1960, l'un des alliés africains les plus sûrs de la France, ancienne puissance coloniale dominante en Afrique de l'Ouest.
Mais les nouveaux dirigeants en fonction depuis 2024 ont promis de traiter désormais la France à l'égal des autres partenaires étrangers, au nom de la souveraineté.
Avant le Sénégal, l'armée française a définitivement quitté fin janvier sa dernière base au Tchad, après la rupture surprise de l'accord de coopération militaire entre Paris et N'Djamena, fin novembre.
Quatre autres anciennes colonies françaises - le Niger, le Mali, la Centrafrique et le Burkina Faso - ont enjoint à Paris de retirer son armée de leurs territoires après des années de présence militaire, et se sont rapprochées de Moscou.
(Re)lire Sénégal : la France va devoir fermer ses bases militaires
Les personnels français diminuent parallèlement en Côte d'Ivoire et au Gabon, conformément à un plan de restructuration de la présence militaire française en Afrique de l'Ouest et centrale.
La France a ainsi rétrocédé le 20 février à la Côte d'Ivoire la grande base militaire historique qu'elle occupait depuis près de 50 ans près de la capitale économique Abidjan.
La base française de Djibouti, qui accueille 1.500 personnes, n'est pas concernée par cette réduction de voilure, Paris voulant en faire un "point de projection" pour les "missions" en Afrique, après le retrait forcé de ses forces du Sahel.
Le Sénégal est un pays indépendant, c'est un pays souverain et la souveraineté ne s'accommode pas de la présence de bases militaires (étrangères).
Bassirou Diomaye Faye, président du Sénégal
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, élu en mars 2024 et entré en fonctions en avril, a annoncé fin décembre le terme en 2025 de toute présence militaire étrangère sur le sol national, dans un discours à la Nation.
M. Faye, élu sur la promesse du souverainisme et de la fin de la dépendance vis-à-vis de l'étranger, prône la rupture avec le système et se réclame d'un panafricanisme de gauche.
(Re)lire Retrait des bases militaires françaises d’Afrique : Paris est-il encore maître de son destin ?
Le 28 novembre, il avait annoncé que la France allait devoir fermer ses bases militaires au Sénégal, dans un entretien avec l'AFP à Dakar.
"J'ai instruit le ministre des Forces armées de proposer une nouvelle doctrine de coopération en matière de défense et de sécurité, impliquant, entres autres conséquences, la fin de toutes les présences militaires de pays étrangers au Sénégal, dès 2025", avait déclaré dans son discours fin décembre M. Faye.
"Le Sénégal est un pays indépendant, c'est un pays souverain et la souveraineté ne s'accommode pas de la présence de bases militaires (étrangères)", avait-il dit, 64 ans après l'indépendance de ce pays d'Afrique de l'Ouest.
Le 12 février, Paris avait annoncé la mise en place d'une commission conjointe avec Dakar pour organiser les modalités de départ des Eléments français au Sénégal (EFS) et de restitution d'ici la fin de l'année 2025 des emprises.
Cette commission s'est réunie "pour la première fois le 28 février, sous la présidence du Général Abdou Latif Kamara, directeur de l'Institut de Défense du Sénégal, en présence de l'ambassadrice de France au Sénégal, Mme Christine Fages, et du commandant des EFS, le Général Yves Aunis", ajoute le communiqué de l'ambassade.
Elle "a examiné le calendrier et les modalités de remise à disposition du Sénégal des différentes emprises utilisées par les EFS. La commission a également lancé les travaux de rénovation du partenariat bilatéral de défense et de sécurité", selon la même source.
(Re)lire Côte d'Ivoire : la base militaire française de Port-Bouët sous pavillon ivoirien
Dans la perspective du départ des EFS, le licenciement de l'ensemble de leur personnel sénégalais est prévu "au 1er juillet 2025", selon un récent courrier du commandant des EFS à l'inspecteur régional du Travail au Sénégal, publié dans la presse.
Les emprises militaires françaises à Dakar et dans sa périphérie emploient directement 162 personnels, et font travailler entre 400 et 500 personnes au total via l'intermédiaire d'entreprises sous-traitantes.
Un forum des métiers, organisé par l'armée française, s'est tenu jeudi à Dakar pour "offrir des opportunités de reclassement" au sein d'entreprises locales de ces 162 employés.