Fil d'Ariane
Depuis plusieurs années, Wagner est présent au Soudan. Aujourd'hui, alors que les affrontements entre l'armée régulière et les Forces de soutien rapide (FRS) font rage, le groupe paramilitaire se fait plus discret.
La société, fondée par Evguéni Prigojine, entend en effet ne pas prendre position dans les combats, afin de préserver leur influence et leurs intérêts financiers.
Déjà sous le régime du dictateur Omar el-Béchir, la Russie était l'unique pourvoyeur d'armes du Soudan. Depuis 2005 et le conflit sanglant du Darfour, le pays était sous le coup de sanctions et d'un embargo sur les armes, imposés par l'ONU.
En 2017, Omar el-Béchir avait même promis à la Russie une base navale sur la mer Rouge. Cependant, après la chute du général en 2019, Khartoum s'éloigne quelque peu de Moscou.
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Mais en octobre 2021, le commandant de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, prend le pouvoir. Son numéro deux Mohammed Hamdane Daglo dit "Hemedti", chef des paramilitaires des FSR, revendique leur proximité avec les Russes.
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Les ressources minières du Soudan représentent l'un des principaux intérêts de Wagner.
Le pays possède d'ailleurs l'une des plus grandes réserve d'or du continent africain. En 2022, selon le gouvernement, le Soudan en a exporté pour 2,5 milliards de dollars, équivalent à 41,8 tonnes du précieux minerai.
Wagner agit via la société M Invest d'Evguéni Prigojine et sa filiale Meroe Gold, qui s'installe au Soudan en 2017. Elle travaille avec la société Aswar, contrôlée par les renseignements militaires soudanais.
Le groupe de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a établi la preuve d'un contrat entre Meroe et Aswar. La société russe se voit aussi exemptée en 2018 de la taxe de 30% imposée par la loi soudanaise aux sociétés aurifères.
Aujourd'hui, Evguéni Prigojine a affirmé sur Telegram qu'aucun combattant de Wagner n'est au Soudan, "et c'est comme ça depuis deux ans".
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Contrairement au Mali ou en République centrafricaine, le groupe paramilitaire est donc resté "relativement opportuniste plutôt que loyal à une faction particulière", explique Catrina Doxee, du think-tank américain CSIS.