
Fil d'Ariane
Une cérémonie de prière a eu lieu ce 8 mai à Bamako en hommage à Aboubakar Cissé, le jeune Malien tué dans une mosquée en France. Son corps a été rapatrié au Mali pour y être inhumé, en présence de ses proches et de ministres maliens qui ont demandé aux autorités françaises que "la justice aboutisse" sur cet assassinat.
Arrivée du corps d'Aboubakar Cissé à la mosquée du quartier de Garantigibougou, à Bamako, ce 8 mai 2025. Capture d'écran vidéo AFP.
Le jeune Malien a été tué de dizaines de coups de couteau le 25 avril pendant sa prière dans la mosquée de La Grand-Combe (sud de la France) par un Français de 20 ans qui s'est rendu dans un commissariat en Italie après une fuite de trois jours. Né au Mali en 2003 et arrivé en France une quinzaine d'années plus tard en tant que mineur non accompagné, Aboubakar Cissé était originaire de la région de Kayes (sud-ouest).
Je perds aujourd'hui mon premier fils. Fatoumata Diagouraga, mère d'Aboubakar Cissé
Sa dépouille est arrivée dans son pays natal, dans la nuit, accompagnée par le consul général du Mali à Lyon, Sory Kaba Diakité. Ensuite, une cérémonie de prière a eu lieu dans la matinée du 8 mai au cimetière du quartier de Garantigibougou de la capitale Bamako, après une prière mortuaire dans la mosquée du même quartier, lieu de résidence de sa famille.
Aboubakar Cissé sera inhumé plus tard dans la journée dans son village natal dans la région de Kayes.
Nous avons envie de voir les autorités françaises s'investir pour que la justice aboutisse et faire toute la lumière sur cette affaire. Moussa Ag Attaher, ministre des Maliens établis à l'extérieur
"Je perds aujourd'hui mon premier fils", confie à l'AFP Fatoumata Diagouraga, la mère du jeune Malien, en marge de la cérémonie à Bamako. "Je me console en voyant que, au-delà de ma personne, la condamnation a été planétaire. Cela atténue ma douleur de mère".
Aboubacar "avait promis de venir me voir en vacances et j'avais commencé à composer des chants pour la circonstance", a-t-elle lancé.
La cérémonie a eu lieu en présence des ministres maliens des Affaires Religieuses, du Culte et des Coutumes, Mahamadou Koné, et celui des Maliens établis à l'extérieur, Moussa Ag Attaher.
"Depuis ce drame, le gouvernement est resté mobilisé aux côtés de la famille Cissé", déclare à l'AFP le ministre Moussa Ag Attaher.
C'est un drame condamné par tous les esprits sensés. Mahamadou Koné, ministre des Affaires Religieuses
"Nous avons envie de voir les autorités françaises s'investir pour que la justice aboutisse" et "faire toute la lumière sur cette affaire", a-t-il ajouté.
De son côté, le consul général du Mali à Lyon déclare que "toute la communauté malienne en France, toutes confessions confondues, s'est mobilisée et a condamné" cet assassinat. "J'ai pu rencontrer les autorités françaises qui m'ont assuré que justice sera faite", dit-il.
Le ministre malien des Affaires Religieuses exhorte à ne "surtout" pas chercher "à instrumentaliser ce drame, à s'en servir pour monter une religion contre une autre, des populations contre d'autres". "C'est un drame condamné par tous les esprits sensés".
Plus tôt ce 8 mai, le ministère malien des Affaires Religieuses avait dans un message sur Facebook estimé qu'Aboubacar Cissé, "digne fils du pays", laissait "derrière lui le souvenir d'un homme engagé et respecté". "Le pays tout entier s'incline devant sa mémoire".
Olivier Hadzovic, le meurtrier d'Aboubakar Cissé, a agi "dans un contexte isolé", guidé par une "envie obsessionnelle de tuer" qu'il avait largement partagée sur les réseaux sociaux, a indiqué la procureure de Nîmes (sud de la France). Dans ses premières déclarations aux enquêteurs italiens, le jeune homme a reconnu le meurtre d'Aboubakar Cissé mais nié avoir agi par haine de l'islam, indiquant, selon son avocat, "avoir tué la première personne qu'il a trouvée" sur son chemin.