Banque Mondiale : la lutte contre le changement climatique ne doit pas se faire au détriment du développement en Afrique

Les pays africains ne veulent pas que les financements contre le changement climatique par la Banque mondiale (BM) se fassent "aux dépens du développement", mission première de l'institution, a insisté vendredi Abdoul Salam Bello, administrateur de la BM représentant 23 pays africains, lors d'un entretien.

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Banque mondiale manifestations
Des manifestants du "People Power Movement", protestant contre le gouvernement ougandais, se joignent aux manifestations devant les réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, le vendredi 14 avril 2023, à Washington.
(AP Photo/Mariam Zuhaib)
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"Il faut être très clair, aucun des pays que je représente ne nie l'importance du réchauffement climatique. Mais cela ne peut se faire aux dépends du développement", a insisté Abdoul Salam Bello.

Car, comme le souligne le représentant africain, "comment pouvez-vous avoir une transformation économique si vous n'avez pas accès aux services de base, tels que l'électricité" alors que 600 millions d'Africains n'y ont toujours pas accès.

Dans ces conditions, la priorité pour les pays africains est d'avoir "une Banque plus puissante et plus efficace mais qui conserve son identité de reconstruction et de développement", alors que les discussions sur la réforme des institutions se poursuivent.

Des premières avancées ont été effectuées durant les réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la BM, avec l'annonce d'une augmentation de capacités de financement de la BM de 50 milliards de dollars pour les dix prochaines années.


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Insuffisant cependant pour faire face aux défis à venir, alors que le FMI estime à 1.000 milliards de dollars par an les besoins de financement pour assurer la transition énergétique et climatique des pays à bas revenus et émergents.

"Soutien appuyé" à Ajay Banga

"Ces éléments sont très importants pour nous. Je viens d'une région et d'un pays, le Niger, qui fait face aux difficultés climatiques non pas récemment mais depuis plusieurs décennies, pour ne pas dire plus. Donc nous vivons depuis longtemps ces problèmes et savons que nous avons besoin de plus de ressources pour y faire face", a insisté Abdoul Salam Bello.

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Le représentant africain a par ailleurs appelé à "une transition en douceur" à la tête de la Banque mondiale, alors qu'elle intervient "dans un moment très particulier".

Le président sortant David Malpass doit en effet laisser sa place, sans doute début mai, à son successeur, qui devrait être le candidat des Etats-Unis, Ajay Banga, qui est né et a grandi en Inde et est le seul candidat en lice.

Abdoul Salam Bello a profité de l'occasion pour rendre hommage au président sortant "pour son très bon travail à la tête de la Banque mondiale".

De son côté, Ajay Banga "a reçu un soutien appuyé des pays qu'il a visités (Côte d'Ivoire et Kenya, NDLR) et il a eu l'occasion de présenter aux gouvernements que je représente sa vision et son approche sur le développement, en particulier de l'Afrique. Certains ont également pris position en sa faveur", a souligné Abdoul Salam Bello.

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"Nous pensons que son expérience sera très importante afin d'aider la BM à renforcer la mobilisation du secteur privé. Lors de notre discussion, il a parlé de solutions pratiques très intéressantes pour renforcer cet engagement du privé", a conclu le responsable.