Ben Bella, mort du premier président de l'Algérie indépendante
Il avait été le premier président de l'Algérie indépendante, de 1962 à 1965 avant d'être renversé par son ministre de la défense Houari Boumedienne. Ben Bella est mort ce mercredi à Alger à l'âge de 95 ans. Retour sur un parcours peu commun.
Il s‘est donc éteint dans son lit. Et dans son pays. Ce qui n’était pas écrit pour un homme qui aura passé presque un quart de siècle en prison et autant en exil, d’abord en Egypte, puis en Suisse. Avec lui, s’en va un des derniers monstres sacrés du XXème siècle, lui qui fut l’ami et le compagnon de route de Nehru, Mao, Nasser, N'Krumah, Castro… Lui qui sut accueillir dans Alger la Blanche à peine indépendante un certain Nelson Mandela, afin de lui faire dispenser une formation de guérillero.
Il fut le symbole de l’Algérie en lutte, grâce à une « gueule » et une allure d’acteur italien, quand bien même le personnage ne fera que très rarement l’unanimité autour de lui, y compris et surtout au sein de FLN. Né le 25 décembre 1916 à Maghnia, dans l’ouest algérien, d’une famille ayant des origines marocaines, Ahmed Ben Bella se révèle vite plus homme d’action que de réflexion. Son talent de dribbleur lui ouvrira les portes de… l’Olympique de Marseille où il jouera avec brio la saison 1939-1940 en tant que milieu de terrain.
La "patrie algérienne"
La guerre éclate ? Il répond présent, et troque le short du sportif pour l’uniforme du soldat. Il se battra vaillamment contre les Nazis, en Italie. Promu adjudant, il sera cité quatre fois et décoré de la Médaille militaire par le général de Gaulle lui-même, en avril 1944.
Il n’en sera que plus traumatisé par la féroce répression du 8 mai 1945 à Sétif. Fier d’avoir participé à la libération de la « patrie française », il décida de se consacrer désormais à la « patrie algérienne », racontera-t-il un demi siècle plus tard, avec son goût prononcé de la formule.
Il sera ainsi un des « neuf historiques » du FLN, ces hérauts de l’indépendance. Il se retrouva au Caire qu’il érigea en QG de la lutte, au côtés d’Aït Ahmed. Jugé trop proche de Nasser, d’un caractère assez imprévisible et plutôt taciturne, voire même brouillon, « Si Ahmed » ne s’y fera pas que des amis. Il sera victime, le 22 octobre 1956, du premier détournement d’avion de l’histoire, lorsque l’armée française fit atterrir à… Alger l’appareil de la Royal Air Maroc où il prit place pour aller de Rabat à Tunis (voir vidéo plus bas). Il ne sortira de prison qu’au moment de l’indépendance, une indépendance dont il devait célébrer le 50ème anniversaire le 5 juillet prochain.
Fort de son prestige acquis en prison et grâce aux intrigues du colonel Houari Boumediene, Ben Bella sera élu président de l’Algérie, le premier, le 27 septembre 1962. Mal entouré, trop influençable, il s’isole peu à peu et finit par succomber au coup de boutoir de l’armée, le 19 juin 1965. Il sera mis sous écrous et dans le secret absolu de 1965 à 1978 lorsqu’un nouveau chef de l’Etat, Chadli Bendjedid l’en libérera. Il reprendra, encore une fois, le chemin de l’exil et s’installera en Suisse, où il retrouva Aït Ahmed !
Boumediene y interdit jusqu’à en citer son nom, ainsi que ceux de Mohamed Boudiaf et Aït Ahmed. Un temps tenté par la lutte pour la « démocratisation » de l’Algérie, il se fait peu à peu oublier, sans doute dépité par le peu d’échos qu’il suscite dans un pays où deux habitants sur trois n’ont jamais entendu prononcer son nom.
1982 : Ben Bella se souvient
Sa guerre, l'Algérie "contemporaine" : à l'occasion des vingt ans des accords d'Evian, Ben Bella est sur le plateau du journal d'Antenne 2 en France.
L'hommage en images
A l'occasion de la mort d'Ahmed Ben Bella, les autorités algériennes ont décrété un deuil national d'une semaine. Ce jeudi 12 avril, à la veille des obsèques de l'ancien président, les algériens ont pu lui rendre hommage.