Fil d'Ariane
Plusieurs milliers de Béninois sont descendus, samedi 11 mai, dans les rues de Cotonou, la capitale économique du Bénin, pour protester contre la hausse des prix ainsi que contre des violations des libertés individuelles et syndicales.
Une commerçante sur un marché, à Cotonou, au Bénin, en avril 2024.
"On a faim", ont scandé les manifestants qui répondaient à l’appel des syndicats. Ils ont sillonné les principales artères de la ville, encadrés par les forces de l'ordre.
Depuis plusieurs mois, les prix ont augmenté dans le pays en raison de la fermeture de la frontière avec le Niger, le principal partenaire commercial du pays, à la suite du coup d'État de juillet 2023. L’inflation résulte également de la fin de la subvention des carburants au Nigeria voisin, où le Bénin s'approvisionne pour sa consommation intérieure.
"Il est grand temps d’exiger une gouvernance moins brutale… et ne plus permettre à une seule personne de décider toute seule de notre destinée, estime Anselme Amoussou, le secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA Bénin). Le peuple exige une gouvernance plus humble et s’est levé pour lancer un message fort au président Patrice Talon."
Les manifestants munis de pancartes et de banderoles ont également scandé des slogans hostiles au gouvernement et au président, qu’ils ont qualifé de "prédateur des libertés." Les critiques accusent régulièrement Patrice Talon d'avoir opéré un virage autoritaire dans ce pays autrefois salué pour le dynamisme de sa démocratie.
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"Nous avons tellement souffert de la faim que nous avons fini par en être exaspérés. Il fallait qu’on hausse le ton pour faire savoir notre misère et nos difficultés", a expliqué Maryse Assogbadjo, une manifestante.
La plupart des protestataires demandent une augmentation des salaires face à la baisse du pouvoir d’achat des Béninois.
Dominique Kouassi Edoh, un enseignant, a tenu, lui, à être de la marche "pour exiger la libération sans condition" des travailleurs emprisonnés lors des précédentes manifestations contre la vie chère, interdites par les autorités béninoises. "Nous revendiquons la liberté. C’est inadmissible ce qui se passe et nous lançons un appel à leur libération. Celui qui a faim ne peut que crier."
"Un peuple qui oublie son passé a tendance à le revivre. De 1985 à 1989, les travailleurs ont milité durement pour avoir le droit de revendiquer", soutient Armel Dossou Kago, un responsable syndical. De frustration en frustration, cela risque d’exploser un jour. Nous avons besoin de meilleures conditions de vie et de liberté."
Avant la manifestation de samedi, deux précédents mouvements, organisés fin avril et début mai par les syndicats, ont été interdits par les autorités et dispersés par la police qui a tiré des gaz lacrymogènes. Des dizaines de manifestants ont alors été interpellés et placés en garde à vue, avant d’être libérés pour certains.