Fil d'Ariane
"Personne ne parle d'enlèvement pour l'instant", déclarait vendredi à l'AFP une source sécuritaire au Bénin. Le ministère français des Affaires étrangères affirmait samedi qu'il s'y refusait également. Depuis le 1er mai, deux avions, et une centaine de personnes ratissent la zone.
Le parc national de la Pendjari, l'une des plus vastes réserves naturelles d'Afrique de l'Ouest, se situe dans le nord du Bénin, près de la frontière avec le Burkina Faso, confronté à une dégradation alarmante de la situation sécuritaire sur son sol.
"Depuis plusieurs mois, la menace terroriste se rapprochait des villes au Sud du Burkina Faso", assure la correspondante de TV5MONDE au Bénin, Emmanuelle Sodji qui s'est rendue dans le parc de la Pendjari en avril 2019. Elle y a rencontré Soeur Anne, une religieuse vivant à Matéri, à quelques kilomètres de là.
Avant, on pouvait voyager la nuit sans problèmes. On pouvait aller à l'hôpital, on revenait tard sans problème mais maintenant on évite ça. On évite aussi de sortir de bon matin.
Soeur Anne, interviewée en avril 2019
Emmanuelle Sodji évoque aussi "la montée en puissance d'embuscades liées au brigandage". "Des gens enfilent le costume de djihadiste", poursuit notre correspondante. "Ils sont cagoulés, ils ont des kalachnikov et détroussent les voyageurs". "Depuis octobre 2018, il y a beaucoup de récits de voyageurs qui vous racontent leurs mésaventures dès qu'ils passent la frontière togolaise, ou béninoise, pour se rendre dans le sud du Burkina".
Depuis plusieurs mois, la menace terroriste se rapprochait des villes au Sud du Burkina Faso.Emmanuelle Sodji, correspondante de TV5MONDE au Bénin
Le 15 février 2019, un prêtre espagnol et quatre douaniers burkinabé ont été assassinés au Burkina Faso, peu après avoir passé la frontière. L'ecclésiastique revenait d'une réunion à Lomé, au Togo.
Face au risque terroriste dans le nord du pays, "le pouvoir exécutif du Bénin a tout de suite réagi et a, en quelques jours, déployé un millier d'homme dans la zone de la Pendjari". En mars 2019, "les autorités du Burkina Faso avaient alerté le Bénin, le Togo, et le Ghana sur le risque que des jihadistes s'implantent dans leur pays", souligne Emmanuelle Sodji. Une alerte au moment où Ouagoudougou lançait une offensive contre les jihadistes présumés au Burkina.
Le Bénin est considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest, une région mouvementée, où opèrent de nombreux groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et l'Etat islamique (EI).
Mais le chaos qui règne depuis 2012 au Mali s'est propagé depuis environ trois ans au Burkina Faso, confronté à une multiplication des attaques jihadistes sur son territoire.
La Pendjari, près de la frontière avec le Burkina et à plus de douze heures de route de la capitale économique Cotonou, fait partie des derniers sanctuaires de la vie sauvage en Afrique de l'Ouest. Le parc a d'ailleurs accueilli "6000 touristes en 2018", indique Emmanuelle Sodji.
Selon des experts et sources sécuritaires, le nord des pays côtiers de l'Afrique de l'Ouest, comme le Togo et le Bénin, sont devenus vulnérables ces derniers mois face à la stratégie d'expansion et de multiplication des fronts adoptée par les groupes armés.
>> Pour aller plus loin
Le Sahel est-il en train de s'embraser ?
Burkina Faso : l'épicentre de la crise sécuritaire au Sahel ?