Bénin : la Cour constitutionnelle valide la réélection de Patrice Talon

Patrice Talon a vu sa réélection à la tête du pays confirmée par la Cour constitutionnelle, jeudi 15 avril. Dans le même temps, un des leaders de l'opposition a été arrêté par la police judiciaire. Il devrait comparaître devant la justice vendredi 16 avril. 
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Patrice Talon réélection
Le président béninois, Patrice Talon, tenant une conférence de presse à l'Elysée en mars 2018. La Cour constitutionnelle du pays a confirmé, jeudi 15 avril, sa réélection à la tête du pays. 
Etienne Laurent (AP)
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La Cour constitutionnelle du Bénin a confirmé, jeudi, la réélection dès le premier tour du président Patrice Talon, précédemment annoncée par la Commission électorale. Elle a par ailleurs donné cinq jours à l'opposition pour déposer un éventuel recours.

Le scrutin qui a eu lieu dimanche dernier "est régulier, sincère et transparent, a déclaré à la presse à Cotonou, le président de la Cour constitutionnelle, Joseph Djogbénou. Le duo Patrice Talon et Mariam Talata a remporté 1.982.534 voix, et a ainsi obtenu la majorité absolue des suffrages pour être élu au premier tour."

Tout en confirmant l’élection, M. Djogbénou, n’a cependant donné aucun pourcentage. Il a précisé que le taux de participation au scrutin était de 50,63%.

Il s'agit peu ou prou des mêmes chiffres que ceux fournis, mardi soir, par la Commission électorale indépendante (CENA) après le décompte des bulletins, qui donnaient le président Talon, 62 ans, vainqueur avec plus de 86% des voix. 

Alassane Soumanou et Corentin Kohoué, deux candidats de l'opposition quasiment inconnus des électeurs et accusés d'avoir été des "faire-valoir" du président Talon, remportent respectivement 261.096 voix et 53.685 voix. 

Pour rappel, les principaux opposants béninois sont soit incarcérés, soit en exil. Certains ont été empêchés de se présenter au scrutin et plusieurs d'entre eux avaient appelé au boycott de l'élection présidentielle.

Dans un discours prononcé jeudi soir, M. Talon s'est félicité du déroulement du processus électoral. Mais il a annoncé, comme il l'avait déjà fait la veille, qu'il allait sévir contre les responsables des violences survenues pendant des manifestations de l'opposition au cours de la campagne électorale. "Je voudrais féliciter les autres concurrents pour leur parcours, leur sens du patriotisme et de la démocratie", a déclaré le président.
 

Arrestation d’un des dirigeants de l’opposition

Le chef de l'Etat a ajouté que le processus s'était relativement bien passé "en dépit des circonstances dans lesquelles les élections se sont déroulées, les menaces, les intoxications que nous avons vues, les violences auxquelles nous avons assisté".

Il a averti "ceux qui s'amusent à ce jeu" que "c'est très dangereux". "Nous ne nous laisserons plus faire. Ceux qui ont été auteurs ou instigateurs de ce genre de choses vont devoir en répondre", a-t-il déclaré.

Avant le scrutin, des manifestants de l'opposition avaient dressé des barrages sur les routes principales, coupant la circulation du sud vers le nord. Ils avaient été délogés par les forces de sécurité au moyen de gaz lacrymogènes puis de tirs à balles réelles.
 "21 personnels des forces de défense et de sécurité ont été blessés par balles", avait déclaré le ministre de l'Intérieur Sacca Lafia, sans mentionner aucune victime civile. Deux personnes avaient été tuées par balles et cinq blessées à Savè, dans le centre-nord, selon un décompte de l'AFP.

Peu après l'annonce de la Cour constitutionnelle, Joel Aivo, un des dirigeants de l'opposition empêchés de participer à l'élection présidentielle, a été interpellé et placé en garde à vue par la police judiciaire, selon des sources dans son entourage.

M. Aivo devrait être présenté devant un tribunal, vendredi, selon ces mêmes sources. Les autorités judiciaires n'ont fait aucune déclaration à ce sujet dans l'immédiat.

(Re)voir : Bénin : inquiétudes pour la démocratie
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