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© TV5MONDE / Reportage de K.G. Barzegar - G. Gouet - J. Jolivet
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"Biens mal acquis" : la belle-sœur et le neveu de Sassou-Nguesso mis en examen

La belle-soeur et le neveu du président congolais Denis Sassou Nguesso ont été mis en examen mardi 11 juillet 2017 dans le cadre de l'affaire dite des "biens mal acquis". Ils sont soupçonnés de "blanchiment de détournement de fonds publics" commis en France.

La famille Sassou-Nguesso est dans le collimateur de la justice en France. Convoqués dans le bureau du juge d’instruction, le neveu et la belle-soeur du président congolais, Edgar Nguesso et Catherine Ignanga, se sont vu notifier leur mise en examen mardi 11 juillet, dans l'un des volets de l'enquête menée par le parquet financier sur l'origine du patrimoine fastueux de familles de dirigeants africains en France.

Le chef d'accusation est "blanchiment de détournement de fonds publics commis en France". Selon leur avocat Me Jean-Marie Viala, ses clients ont aussitôt répondu en déposant une requête en nullité, invoquant la plainte déjà déposée pour "tentative d'escroquerie au jugement".

Les enquêteurs s'interrogent sur l'origine des fonds qui ont permis au couple d'acheter en 2006, via une SCI, un hôtel particulier de la banlieue huppée de Paris, à Neuilly-sur-Seine, avec sept pièces et piscine intérieure, selon l'AFP qui cite une source proche du dossier. A cet investissement d'un peu plus de 3 millions, se serait ajoutée une facture de 5,34 millions d'euros pour d'importants travaux réalisés entre 2007 et 2011.

Cinq proches du président mis en examen

En l'espace de cinq mois, cinq personnes -tous membres de la famille de Denis Sassou Nguesso - ont été mises en examen.

Fin juin, la fille et le gendre du président congolais, Julienne Sassou Nguesso et son mari Guy Johnson, ont été mis en examen pour les mêmes faits présumés de "blanchiment de détournement de fonds publics commis en France". En mars dernier c'était un autre neveu du président, Wilfrid Nguesso, qui avait été mis en examen.

Parmi leurs avoirs saisis en France: plusieurs biens immobiliers dans des quartiers huppés, dont la villa Suzette au Vézinet et plusieurs appartements à Paris et à Neuilly sur Seine, ainsi que des voitures et de nombreux produits de luxe.

Des millions d'euros détournés ?

L'entourage du président est soupçonné d'avoir détourné des millions d'euros de deniers publics du Congo-Brazzaville, via des sociétés off shore, pour son train de vie personnel. Les enquêteurs, qui s'appuient sur des signalements de la cellule de lutte contre le blanchiment de Bercy (Tracfin), se sont intéressés à des mouvements financiers entre des banques de San Marin et des sociétés étrangères. 

D'après les investigations, plusieurs dizaines de millions d'euros en provenance d'entités publiques du Congo-Brazzaville auraient été transférés depuis 2007 sur les comptes de diverses sociétés offshores basées aux Seychelles, à l'Ile Maurice ou à Hong Kong, soupçonnées d'alimenter ensuite en partie le train de vie de certains membres du clan présidentiel, selon l'AFP qui cite une source proche du dossier. 

Fin du premier procès contre Teodorin Obiang

Le premier procès de l'affaire des "biens mal acquis" a débuté le 19 juin et s'est achevé le 6 juillet dernier au tribunal correctionnel de Paris. Dix ans après les premières plaintes d'associations anticorruption, ce procès jugeait -en son absence- Teodorin Obiang, vice-président et fils du président de la Guinée équatoriale.

Teodorin Obiang est poursuivi pour blanchiment d'abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics, d'abus de confiance et de corruption. A l'issue de son procès, le parquet national financier a requis contre lui une peine de trois ans de prison, 30 millions d'euros d'amende et surtout la confiscation des biens saisis pendant l'enquête, qui dépassent les 100 millions d'euros. La défense de Teodorin Obiang, a pour sa part dénoncé une "ingérence dans les affaires d'un Etat souverain".

Le jugement est attendu le 27 octobre prochain. La justice française enquête également sur les patrimoines bâtis en France par les familles du dirigeant gabonais, Omar Bongo.