Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé, jeudi 26 janvier, le rappel de son ambassadeur au Burkina Faso "pour mener des consultations". La décision intervient au lendemain de la confirmation par Paris du départ du pays des forces spéciales françaises d'ici "un mois".
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Dans le contexte des derniers développements intervenus au Burkina Faso, nous avons décidé de rappeler notre ambassadeur à Paris, pour mener des consultations sur l'état et les perspectives de notre coopération bilatérale", a justifié, jeudi 26 janvier, le Quai d'Orsay.
Dans les usages diplomatiques,
un rappel pour "
consultations" signale un mécontentement avec le pays voire une crise diplomatique.
Le rappel de Luc Hallade coïncide, en outre, avec une demande de la junte burkinabè de remplacer l'ambassadeur. En décembre, une lettre a en effet été envoyée à Paris pour réclamer son départ. Les autorités à Ouagadougou lui reprochent d'avoir fait état publiquement de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays, en proie à des violences djihadistes.
L'ambassadeur, arrivé dans le pays à l'été 2019, est toutefois resté en poste. D'autant que la visite de la secrétaire d'Etat française, Chrysoula Zacharopoulou, le 10 janvier, a laissé entrevoir une possibilité d'apaisement entre les deux pays.
(Re)voir : Entre le Burkina Faso et la France, une relation dégradée ?
La dénonciation de l'accord de 2018, le tournant
Le tournant est finalement intervenu il y a quelques jours. Le gouvernement burkinabè a décidé
de dénoncer l'accord de 2018 relatif au statut des forces françaises présentes dans ce pays.Cette dénonciation a été "
formellement" reçue, mardi 24 janvier, par le ministère français des Affaires étrangères. "
Conformément aux termes de l'accord, la dénonciation prend effet un mois après la réception de la notification écrite", a-t-il précisé. La France respectera "
les termes de cet accord en donnant suite à cette demande", a-t-il ajouté.
Face à des relations franco-burkinabè dégradées et un sentiment anti-français grandissant à travers le pays, les responsables français martelaient ces derniers mois que les forces spéciales ne resteraient qu'à la demande des autorités burkinabè.
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La France n'impose rien, elle est disponible pour inventer un avenir ensemble", a ainsi affirmé Chrysoula Zacharopoulou, à l'issue d'un entretien avec le capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat fin septembre.
(Re)voir : Burkina Faso : montée du sentiment anti-Français
"Fin avril"
Pourtant, peu après cette visite, le gouvernement a fait savoir qu'il affirmerait avec force la souveraineté du pays et entendait "d
iversifier ses partenaires" dans la lutte antidjihadiste, longtemps menée avec principalement l'aide de la France.
Le Burkina héberge actuellement un contingent de près de 400 militaires des forces spéciales françaises, dans une opération baptisée Sabre. Ces soldats auront quitté le pays "
d'ici fin février" et le retrait de tous les matériels devrait être achevé "
fin avril", a selon une source proche du dossier.
Selon des sources concordantes, l'option privilégiée serait alors de redéployer ces militaires d'élite au Niger voisin, qui accueille déjà près de 2.000 personnels français.
Rapprochement avec la Russie
Ouagadougou souhaite le départ des forces militaires françaises sans pour autant rompre diplomatiquement avec Paris.
Mais la France reste désormais dans l'expectative des décisions de partenariats des autorités burkinabè. Celles-ci ont amorcé un rapprochement avec la Russie. En décembre, le Premier ministre burkinabè a fait une visite aussi discrète que remarquée à Moscou. Il y a deux semaines, il a, en outre, déclaré qu'un partenariat avec la Russie était "
un choix de raison".
Lors de sa visite à Ouagadougou, Chrysoula Zacharopoulou "
a été très claire sur les conséquences du choix que feront les autorités", a récemment expliqué une source diplomatique. Et d'ajouter : "
chaque choix a des conséquences."
Parmi les questions qui se posent à présent, l'avenir de l'aide française au développement qui pourrait être suspendue,
comme au Mali, si les Burkinabè se tournaient vers la société paramilitaire privée russe Wagner. Environ un milliard d'euros a été injecté au Burkina Faso entre 2011 et 2021 via l'Agence française de développement.
(Re)voir : Comment interpréter les dernières décisions du Burkina Faso ?