
Fil d'Ariane
Deux journalistes burkinabè ont été arrêtés lundi à Ouagadougou et emmenés vers une destination inconnue, après qu'une association dont ils sont membres a dénoncé des atteintes à la liberté d'expression, a annoncé cette dernière.
Des personnes circulent en scooter dans le quartier de Gounghin à Ouagadougou, mercredi 26 janvier 2022.
Depuis le coup d'Etat du capitaine Ibrahim Traoré en 2022, de nombreux cas d'enlèvements de voix considérées comme hostiles au régime militaire ont été rapportés.
"Guézouma Sanogo, président de l'AJB (Association des journalistes du Burkina Faso, ndlr) et Boukari Ouoba, vice-président, viennent d'être emmenés par des individus se présentant comme des policiers du service de renseignement (...) vers une destination inconnue", a écrit l'association sur Facebook vers 11h GMT.
Les deux hommes ont été arrêtés à Ouagadougou, au Centre national de presse Norbert Zongo.
Guézouma Sanogo, président de l'AJB (Association des journalistes du Burkina Faso, ndlr) et Boukari Ouoba, vice-président, viennent d'être emmenés par des individus se présentant comme des policiers du service de renseignement (...) vers une destination inconnue.
Association des journalistes du Burkina Faso
Lors d'un congrès de l'AJB vendredi, Guézouma Sanogo avait dénoncé publiquement la multiplication des "atteintes à la liberté d'expression et de presse constatées", qui "ont atteint un niveau jamais égalé" dans le pays.
D'autres journalistes avaient rappelé que sept de leurs confrères ont été enlevés en 2024, dont certains sont toujours portés disparus.
Sur les réseaux sociaux, des soutiens de la junte se réjouissaient de ces arrestations, lundi.
La semaine dernière, le mouvement politique Sens (Servir et non se servir) a lui rapporté l'enlèvement de cinq de ses membres, dont un journaliste, après que l'organisation a dénoncé des massacres de civils attribués à l'armée burkinabè et à ses supplétifs, sous couvert de la lutte antijihadiste.
Les ONG internationales Reporters sans frontières (RSF), Amnesty international et Human Rights Watch (HRW) ont dénoncé plusieurs de ces enlèvements.
Elles ont en outre signalé des cas de "réquisitions": l'enrôlement forcé dans les forces de sécurité pour participer au front à la lutte antijihadiste, grâce à un décret de mobilisation publié en 2023, qui cible des voix critiques du régime, disent-elles.
Le Burkina Faso est gouverné depuis septembre 2022 par une junte autoritaire revendiquant une politique souverainiste.
Depuis 10 ans, le pays est pris dans une spirale de violences jihadistes qui ont fait plus de 26.000 morts, civils et militaires, selon l'ONG Acled qui recense les victimes de conflits.