Fil d'Ariane
Six personnes, dont des acteurs de la société civile au Burkina Faso, ont été interpellées et placées en garde à vue notamment pour "association de malfaiteurs".
Le lieutenant-colonel Issac Yacouba Zida, au centre, serre la main de l'empereur Mogho Naaba, chef des Mossi à Ouagadougou, Burkina Faso, le mardi 4 novembre 2014 .
Début mai, la Division des Investigations Criminelles (DIC) avait lancé une enquête après la diffusion de messages audios sur les réseaux sociaux appelant à brûler le palais du Mogho Naaba, chef traditionnel des mossis, l'ethnie majoritaire au Burkina Faso.
"Les investigations ont conduit à ce jour à l'interpellation et à la mise en garde à vue de six personnes qui sont pour la plupart des acteurs d'organisations de la société civile", a écrit Harouna Yoda, le procureur du tribunal de grande instance de Ouagadougou, dans un communiqué.
Les individus ont été placés en garde à vue pour "association de malfaiteurs", "divulgation de fausses informations" et "incitation à un attroupement armé ou non armé", selon le procureur.
"Les personnes déjà interpellées et gardées à vue ainsi que celles qui pourraient l'être dans les prochains jours ne sont nullement poursuivies pour leurs opinions. Elles sont interpellées parce que des indices concordants nous fondent à croire qu'elles ont commis des faits graves", a-t-il souligné.
Le 2 mai, un premier audio avait dépeint le Mogho Naaba comme un opposant au régime du capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis un putsch en septembre 2022.
Le lendemain, deux audios avaient suivi annonçant une attaque imminente contre le palais du monarque et appelant cette fois à s'y opposer. Selon le procureur, ces divers messages audios ont en réalité été envoyés par les mêmes personnes dans le but de provoquer "un affrontement entre partisans et adversaires du Mogho Naaba avec des conséquences lourdes".
Le magistrat a également indiqué ce dimanche 21 mai 2023 que le leader d'un mouvement pro-régime, Mohamed Sinon, a été interpellé pour "diffamation et mise en danger de la vie d'autrui".
Il est accusé d'avoir affirmé que la gendarmerie nationale ne s'investissait pas "à cent pour cent" dans la lutte contre les jihadistes. Il avait récemment été condamné à deux ans de prison avec sursis pour avoir menacé de mort un célèbre journaliste.
Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d’État militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s'est étendue au-delà de leurs frontières. Une cinquantaine de civils ont été tués cette semaine, dans diverses parties du pays. Depuis sept ans, les violences ont fait plus de 10 000 morts, des civils et des militaires, selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés internes.