Burkina Faso: Kaboré élu président dès le premier tour

Ancien baron du régime de l'ex-président Blaise Compaoré, Roch Marc Christian Kaboré a été élu président du Burkina Faso dès le premier tour avec 53,4 % des voix, selon la CENI (commission électorale). Il y devient ainsi le premier chef d'Etat démocratiquement élu depuis 1978.
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Kabore
Roch Marc Christian Kabore lors d'un meeting à Ouagadougou le 27 septembre
(AP Photo/Theo Renaut)
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par Patrick FORT / Romaric Ollo HIEN

Ancien baron du régime de l'ex-président Blaise Compaoré, Roch Marc Christian Kaboré a été élu président du Burkina Faso dès le premier tour et devenant ainsi le premier chef d'Etat démocratiquement élu depuis 1978. 

M. Kaboré a obtenu la majorité absolue avec 53,49% des suffrages (1.668.169 voix) contre 21,65% (924.811 voix) recueillis par son plus sérieux rival Zephirin Diabré, qui avait reconnu sa défaite quelques minutes avant l'annonce des résultats provisoires par la Commission électorale indépendante. 

Lors d'une élection suivie par toute l'Afrique après l'insurrection populaire d'octobre 2014 qui a renversé Blaise Compaoré, M. Kaboré récolte ainsi un score historique dépassant de loin les scores obtenus par le "Beau Blaise" durant ses 27 années au pouvoir.

Acclamé par plusieurs milliers de personnes réunies devant le siège de son parti, M. Kaboré a déclaré à ses partisans: "Nous devons nous mettre au travail immédiatement. C'est tous ensemble que nous devons servir le pays".

"Aux jeunes, aux femmes et aux anciens", M. Kaboré a promis sa "détermination pour ouvrir des opportunités de lendemains meilleurs". 

Le prochain président a aussi adressé ses "chaleureuses félicitations aux organes de la transition", mis en place après la chute du régime de Compaoré et qui ont organisé le scrutin.

Quelque 5,5 millions d'électeurs étaient inscrits sur les listes électorales d'un pays qui espère désormais être sur la voie de la démocrtaie après une histoire marquée par de nombreux coups d'Etat.

Cette élection doit tourner la page d'une année de transition tendue et surtout de 27 ans de régime Compaoré.

Ce scrutin, couplé à des législatives, était organisé un an après l'insurrection populaire qui a chassé du pouvoir Blaise Compaoré en octobre 2014, alors qu'il tentait de modifier la Constitution pour briguer un nouveau mandat. 

Le président de la Céni, Barthélemy Kéré, a reconnu "quelques anomalies", tout en estimant que le déroulement du scrutin avait été "globalement satisfaisant". 

"Nous arborons un large sourire, nous poussons des soupirs de soulagement", avait déclaré lundi Me Halidou Ouedraogo, président de la Codel, la plateforme de la société civile qui a observé les élections. 

La Codel a jugé "crédible ce scrutin qui marque un tournant décisif dans l’histoire politique du Burkina Faso" et "appelle les candidats et partis politiques à respecter le verdict des urnes".

- 'Atmosphère paisible' -

Initialement prévues le 11 octobre, ces élections avaient été reportées en raison du putsch raté le 17 septembre de l'ancien bras droit de M. Compaoré, le général Gilbert Diendéré. Cette tentative de coup d'Etat, dans un pays qui en a connu beaucoup, avait été mise en échec par la mobilisation de la population et de l'armée loyaliste.

Quatorze candidats dont deux femmes étaient en lice pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué lundi "la manière pacifique" dont ont été conduites les élections et plus particulièrement la "forte participation des femmes au processus électoral".

M. Ban a "encouragé tous les dirigeants politiques et les protagonistes nationaux à maintenir cette atmosphère paisible" dans ce pays pauvre de 18 millions d'habitants d'Afrique de l'Ouest.

Roch Marc Christian Kaboré est resté 26 ans compagnon de Blaise Compaoré, occupant des postes prestigieux (Premier ministre, président de l'Assemblée) avant de tomber en disgrâce, et de quitter le régime juste dix mois avant sa chute. 

Le parti de Compaoré, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), n'avait pas de candidat à la présidentielle, une loi controversée interdisant de scrutin les pro-Compaoré ayant soutenu la révision constitutionnelle en 2014. Toutefois le CDP pourrait réaliser un bon score aux législatives dont les résultats ne sont pas encore connus.