Burkina Faso : la junte au pouvoir n'entend pas écourter la période de transition

Le gouvernement du Burkina Faso issu d'un coup d'État n'entendait pas écourter ce lundi 25 avril  la période de transition de trois ans avant un retour des civils au pouvoir. La junte au pouvoir rejette les demandes de la Cédéao dans ce sens.
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MANIF PRO Paul Henri Sandaogo Damiba

Un manifestant à Ouagadougou tient le portrait du lieutenant colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, l'homme fort du Burkina Faso ce 25 janvier 2022.

AP Photo/Sophie Garcia
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"Les discussions avec la Cédéao se poursuivent. Le Burkina Faso est dans une très bonne disposition à entendre les remarques de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédeao)", estime Lionel Bilgo, porte-parole du gouvernement  dans un entretien avec l'AFP. "Par contre, nous n'allons pas sacrifier nos efforts pour ramener la paix au Burkina Faso en courant derrière un calendrier intangible et dont le délai ne tient pas du tout compte des réalités du terrain", précise le porte de la junte.

La junte demande du temps pour résoudre la question sécuritaire


Le lundi 24 janvier 2022, le Burkina Faso a été le théâtre d'un coup d'Etat militaire. La junte, emmenée par le lieutenant colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a déposé le président démocratiquement élu, Roch Marc Christian Kaboré. Le président déchu a payé le prix lourd l'inefficacité de sa politique sécuritaire et les moyens alloués à l'armée pour venir à bout des violences terroristes.

Fin mars, un sommet de la Cédeao réuni à Accra, avait donné au Burkina Faso jusqu'au 25 avril pour présenter un "chronogramme (calendrier) acceptable de la transition" sous peine de sanctions "économiques et financières".

Le pays connaît une inflation sans précédent. Certains acteurs économiques majeurs, comme le minier russe Norgold, cessent leurs activités.

Selon les autorités de transition du Burkina Faso, il faut d’abord en finir avec le terrorisme, avant de parler d’un retour à l’ordre constitutionnel.

Lire : Burkina Faso : le  groupe russe Nordgold ferme sa mine d'or de Taparko

"Est-ce qu'on est capable aujourd'hui, alors qu'on ne peut pas faire 150 km sur notre territoire" en raison de la présence de groupes jihadistes, "d'organiser des élections dans la paix et la quiétude ? Pourquoi mettre en danger des vies humaines alors que notre priorité principale est de sécuriser le territoire burkinabè?", interroge Lionel Bilgo, porte parole du gouvernement.

Selon lui, "le Burkina Faso a toujours expliqué à la Cédeao que ce calendrier, qui a été mis en place de façon consensuelle, est un calendrier réfléchi et qui tient compte justement du défi majeur que nous avons et qui est le rétablissement de la sécurité". "Si nous arrivons à le faire en dessous des trois années, nous organiserons des élections", précise le représentant de la junte au pouvoir

Dans un discours à la nation début avril, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba qui a pris le pouvoir par la force le 24 janvier, avait indiqué que la période de transition de trois ans avant un retour à l'ordre constitutionnel avait été décidée "de façon consensuelle par l'ensemble des forces vives de notre nation" et en tenant "compte d'une réalité qui est la seule vraie préoccupation du peuple Burkinabè actuellement, à savoir la situation sécuritaire".

"Plus vite nous arriverons à juguler cette situation et plus vite nous amorcerons un retour à un ordre constitutionnel normal", avait ajouté Paul Henri Sandaogo.

La Cédéao exige la liberté "inconditionnelle" de l'ancien président Roch Marc Chistian Kaboré

 

Des leaders communautaires et des combattants de groupes armés locaux ont entamé des pourparlers à l'issue incertaine au Burkina Faso. Cette démarche est entreprise avec l'aval de la junte militaire.

Lire : Burkina Faso : des communautés tentent un dialogue incertain avec des groupes djihadistes

La Cédéao exige la liberté « inconditionnelle » de l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré. Début avril, il avait pu regagner son domicile mais selon certains de ses proches, il n’est toujours pas libre de ses mouvements et reçoit des visites sous certaines conditions. 

Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des mouvements armés jihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique qui ont fait plus de 2.000 morts et 1,8 million de déplacés.