Burkina Faso : le bilan de l'attaque de Solhan s'alourdit à 160 morts

160 personnes civiles, hommes, femmes et enfants ont été tuées dans le nord du Burkina Faso, à Solhan, dans la nuit de vendredi à samedi. C'est l'attaque la plus meurtrière enregistrée dans ce pays depuis le début des violences djihadistes en 2015.
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Carte solhan burkina faso
La localité de Solhan, dans la province de Yagha, a été la cible de l'attaque la plus meurtrière au Burkina Faso depuis 2015.
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Le bilan de la récente attaque de la localité de Solhan, au nord-est du Burkina Faso, la plus meurtrière depuis 2015, ne cesse de s'accroître. Dimanche, des sources locales font état de 160 morts. Au total, "160 corps ont été inhumés hier (samedi) dans trois fosses communes par les populations locales (...) dont une vingtaine d'enfants", a déclaré un élu de la région.  Un bilan confirmé par une autre source locale.

Un précédent bilan de mêmes sources faisait état samedi soir de 138 morts.

Plus tôt, une source sécuritaire avait indiqué à l'AFP que"dans la nuit de vendredi à samedi, des individus armés ont mené une incursion meurtrière à Solhan, dans la province du Yagha. Le bilan, toujours provisoire, est d'une centaine de personnes tuées, des hommes et femmes".

Selon une source locale, l'attaque a "d'abord visé le poste" de supplétifs de l'armée, des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), puis les maisons d'habitants, qui ont été exécutés.

L'attaque et le bilan initial d'une centaine de tués avaient été confirmés par le gouvernement samedi.

Attaque en pleine nuit, des exécutions de civils 

Selon une source locale, "l'attaque, qui a été signalée aux environs de 002H00 (locales et GMT), a d'abord visé le poste des Volontaires pour la défense de la Patrie", les VDP, des supplétifs civils de l'armée, et "les assaillants ont ensuite visité les concessions (maisons) et procédé à des exécutions".

"En plus du lourd bilan humain, le pire que nous ayons enregistré à ce jour, des habitations et le marché (de Solhan) ont été incendiés", a indiqué une autre source sécuritaire, craignant que "le bilan, toujours provisoire, d'une centaine de morts ne s'alourdisse".

Un responsable des services de sécurité a pour sa part indiqué que "des hommes ont été déployés pour mener des (opérations) de ratissage et sécuriser les populations qui vont procéder à l'enlèvement et à l'inhumation des victimes".

Un deuil national de 72 heures à été décrété par les autorités, à compter de ce jour 5 juin à 00H00 au lundi 7 juin à 23H59, selon le gouvernement.

La correspondance depuis Ouagadougou de Fanny Noaro-Kabré (samedi 5 juin)

Le Secrétaire général de l'ONU "indigné"

Le Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres "est indigné par l'assassinat, tôt ce matin, de plus de cent civils, dont sept enfants, lors d'une attaque perpétrée par des assaillants non identifiés contre un village de la province de Yagha, dans la région du Sahel au Burkina Faso", a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric dans un communiqué.

M. Guterres "condamne vivement cette attaque horrible et souligne la nécessité urgente que la communauté internationale renforce son soutien à l'un de ses membres dans son combat contre la violence extrémiste et son bilan humain inacceptable".

La zone dite des trois frontières une nouvelle fois frappée

Ces attaques ont été commises dans la zone dite "des trois frontières" entre Burkina, Mali et Niger, régulièrement ciblée par des assauts meurtriers de jihadistes présumés liés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique contre des civils et des militaires.

Sohlan, petite localité située à une quinzaine de kilomètres de Sebba, chef lieu de la province du Yagha située non loin de la frontière malienne, a enregistré de nombreuses attaques depuis ces dernières années.

"Depuis ce matin, on assiste à des flux de déplacés internes qui fuient vers Sebba", selon l'élu local. "Ces déplacements ont également occasionné d'autres victimes car trois personnes sont mortes sur l'axe Solhan-Sebba, la charrette qui les transportait ayant sauté sur une mine artisanale".

Le 14 mai, le ministre de la Défense Chériff Sy, et des membres de la hiérarchie militaire s'étaient rendus à Sebba, assurant que la situation était revenue à la normale, après de nombreuses opérations militaires.

Où en est la lutte anti-djihadiste au Burkina Faso ? Entretien avec l'analyste Windate Zongo

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14 morts dans une autre attaque au Nord

Par ailleurs, au moins quatorze personnes, dont un supplétif civil des forces de sécurité, ont été tuées vendredi soir dans une autre attaque, celle de Tadaryat dans la province de l'Oudalan, un village du nord du Burkina Faso da, ont indiqué samedi des sources sécuritaires et locales.

"Des individus armés non identifiés ont attaqué Tadaryat et tué treize personnes parmi les populations civiles", à déclaré à l'AFP une source de sécurité, ajoutant qu'un supplétif de l'armée "venu porter secours" aux habitants avec les militaires, avait également été tué.

Les VDP,  des supplétifs civils de l'armée burkinabé visés par des attaques 

Une autre source sécuritaire a rapporté un accrochage distinct vendredi contre un convoi de militaire et de supplétifs civils des Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP) à Katia, dans la même zone, qui n'a pas fait de victimes.

Créés en décembre 2019, les VDP interviennent aux côtés des forces armées pour des missions de surveillance, d'information et de protection après une formation militaire de 14 jours.

Ils font également office de pisteurs et combattent souvent avec l'armée, au prix de lourdes pertes, avec plus de 200 morts dans leurs rangs depuis 2020, selon un décompte de l'AFP.