Burkina Faso : le bilan des deux attaques djihadistes est d'au moins 70 soldats

Au moins 70 soldats burkinabè sont morts en quatre jours dans deux attaques dans le nord, près du Mali. Des offensives qui confirment le regain des violences djihadistes au Burkina Faso depuis le début de l'année.
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carte nord du Burkina attaques djihadistes du 20 février
Dans la soirée du 20 février 2023 au moins 15 soldats du détachement de Tin-Akoff ont été tués dans une attaque djihadiste.
© TV5MONDE
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Les raids meurtriers attribués à des groupes djihadistes ont fait au Burkina plus de 200 morts, civils et militaires, depuis le début de l’année 2023.
 
Dans la soirée du 20 février, au moins une quinzaine de soldats ont été tués dans la province de l'Oudalan dans l'extrême nord du pays, à quelques kilomètres de la frontière malienne, selon des sources sécuritaires. "Le détachement de Tin-Akoff a été la cible d'une violente attaque", a indiqué une première source, évoquant un bilan d'une "quinzaine de morts" et des "éléments qui manquent à l'appel".
 
Mais le bilan pourrait s'alourdir : une deuxième source sécuritaire a avancé un bilan de 19 morts et "des dizaines de disparus".
 
Selon la première source, la riposte aérienne et terrestre de l'armée burkinabè a permis de "neutraliser" des "dizaines de terroristes". Et les opérations se poursuivent, selon cette source, "concentrées dans la province de l'Oudalan qui connaît un regain de violences depuis quelques jours".
 
C'est dans cette province, près de Déou, qu'au moins 51 soldats ont été tués le 17 février dans une embuscade, un bilan encore provisoire, selon l'armée.

Lire : Burkina Faso : au moins 51 soldats tués lors d'une attaque dans le nord
 
Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière depuis l'arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, lors d'un putsch fin septembre 2022: c'est aussi celle qui a fait le plus de morts au sein de l'armée depuis novembre 2021.
 
À l'époque, 57 gendarmes avaient été tués après avoir vainement lancé des appels à l'aide. Cette attaque avait alors provoqué un profond traumatisme au sein des forces armées et de l'opinion et s'était produite peu avant le premier coup d'État de janvier 2022 qui avait renversé le président élu Roch Marc Christian Kaboré, accusé d'"incapacité" face aux djihadistes.

(RE)voir : Au Burkina Faso, les obsèques sous tension des gendarmes tués à Inata
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Dans une réaction ce 21 février à l'embuscade de Deou, le capitaine Traoré a affirmé que dans ce "combat parsemé d'embûches", le "sursaut patriotique" et la "détermination" des autorités restaient "intacts jusqu'à la victoire finale" contre les groupes djihadistes.
 
Selon l'armée, la riposte à l’attaque de vendredi 17 février a permis de tuer 160 terroristes. 

"Première vraie épreuve"

 Le chef de la junte peut compter sur le soutien de plusieurs partis politiques et organisations de la société civile.
"En ces heures difficiles, j'exhorte tous les Burkinabè à cultiver l'esprit d'unité nationale, et à soutenir les autorités de la transition, dans leur détermination à restaurer notre intégrité territoriale", a ainsi déclaré dans un communiqué Zéphirin Diabré, président de l'Union pour le changement (UPC) et ancien ministre du président Kaboré.
 
"En ces moments difficiles", le Conseil national de la jeunesse du Burkina Faso (CNJ-BF), organisation de la société civile proche de la junte, a invité dans un communiqué "tous les jeunes à une union nationale et sacrée autour" des forces armées, de leurs supplétifs civils et des autorités "dans leur détermination à restaurer notre intégrité territoriale".
 
Le pays, théâtre de deux coups d'État militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences djihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s'est étendue au-delà de leurs frontières.
 
Les violences ont fait depuis sept ans plus de 10.000 morts - civils et militaires - selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.
 
Peu après avoir pris le pouvoir, le capitaine Traoré s'était donné pour objectif de "reconquérir" les quelque 40% du territoire burkinabè contrôlé par les groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l'État islamique.
 
Mais depuis, les attaques qui leur sont attribuées n'ont fait qu'augmenter et l'embuscade du 17 février est "la première vraie épreuve du capitaine Traoré", titre ce 21 février "L'Observateur Paalga", un influent quotidien indépendant.
 
Capture d'écran de la "Une" du site internet du quotidien burkinabè L'Observateur Paalga.
Capture d'écran de la "Une" du site internet du quotidien burkinabè L'Observateur Paalga.
 
Son lourd bilan interpelle. "Comment comprendre que sept ans après, malgré les modes opératoires connus de tous, nos forces combattantes tombent toujours dans des embuscades de ce genre ?", s'interroge ainsi l'analyste politique Harouna Traoré.
 
Soucieuses de retrouver leur "souveraineté" dans la lutte anti-djihadiste, les autorités du Burkina ont demandé le mois dernier à la force française Sabre, composée de 400 militaires des forces spéciales, de quitter le pays.

(RE)voir : Burkina Faso : fin de mission pour l'armée française
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L'attaque la plus meurtrière jamais commise dans le pays reste à ce jour celle de Solhan (nord) en juin 2021, qui avait fait de 130 à 160 morts civils, selon les bilans.