Fil d'Ariane
Les faits remontent au 9 novembre. Ils concernent le 14e Régiment Interarmes de Djibo (nord), qui "aurait tiré des obus sur les villages de Holdé, Yaté, Ména et Dabere-Pogowel, situés à environ 10 km du camp militaire", selon une note du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) adressée au gouvernement du Burkina Faso. Face à ces accusations, le gouvernement burkinabé décide d'ouvrir une enquête sur ces accusations.
Des publications largement relayées sur les réseaux sociaux ont fait état au cours de la semaine de dizaines de civils tués lors de ces incidents. Le HCDH n'a pas pu "établir de bilan exact".
"Chaque fois que des allégations de violations des droits humains visent nos forces de défense et de sécurité lors d’opérations antiterroristes, des enquêtes approfondies sont diligentées, en vue de faire toute la lumière et sanctionner les auteurs de cas de violations établies", annonce le porte-parole du gouvernement Jean-Emmanuel Ouedraogo dans un communiqué. Le gouvernement pointe du doigt "les groupes armés terroristes coutumiers de la manipulation et de la désinformation".
Jean-Emmanuel Ouedraogo appelle "l’opinion nationale et internationale à ne pas tomber dans ces pièges perfides orchestrés par des terroristes aux abois dans le dessein de jeter l’opprobre" sur les forces de sécurité, assurant être "particulièrement soucieux du respect des droits humains" dans sa "lutte contre le terrorisme".
Depuis 2015, le Burkina est régulièrement endeuillé par des attaques djihadistes de plus en plus fréquentes ayant fait des milliers de morts et contraint quelque deux millions de personnes à fuir leurs foyers. La zone de Djibo, grande ville du nord du pays, est particulièrement touchée par ces violences. La ville est même sous blocus jihadiste depuis plusieurs mois et fin octobre 10 soldats y ont été tués dans l'attaque de leur base militaire.
Cette dégradation de la situation sécuritaire a été invoquée pour justifier deux coups d'Etat cette année: le premier fin janvier, où une junte militaire dirigée par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a renversé le président élu Roch Marc Christian Kaboré, et un autre fin septembre, qui a porté le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir.
Investi le 21 octobre président de la transition par le Conseil constitutionnel, le capitaine Traoré s'est donné pour objectif "la reconquête du territoire occupé par des hordes de terroristes".