Burkina Faso : le pouvoir dénonce un accord militaire de 1961 avec la France

Le Burkina Faso dénonce un "accord d'assistance militaire" signé en 1961 avec la France, quelques semaines après avoir obtenu le retrait de la force française Sabre de ce pays en proie à des violences djihadistes.
Image
BURKINA FASO
Images du capitaine Ibrahim Traore à Ouagadougou le 15 octobre 2022 lors d'une cérémonie.
 
AP Photo/Kilaye Bationo
Partager3 minutes de lecture
Ce type d'accord avait été signé par la France avec la plupart de ses anciennes colonies en Afrique au lendemain de leurs indépendances au début des années 1960. Ils ont souvent été revus au fil des années, sans en changer le fond, et ont parfois été utilisés pour venir en appui à des régimes restés proches de Paris.

(RE)lire : Colonisation française : "Ce qui a dominé depuis 60 ans, c’est l’amnésie"

Dans un courrier du ministère burkinabè des Affaires Étrangères adressé à Paris et daté de mardi, dont l'AFP a eu copie, Ouagadougou "dénonce l'accord d'assistance militaire technique, conclu à Paris le 24 avril 1961, entre la République de Haute-Volta (ancienne appellation du Burkina Faso) et la République française, y compris ses deux annexes".

Le Burkina donne "un délai d'un mois" suivant la réception de ce courrier pour "le départ définitif de tous les personnels militaires français en service dans les administrations militaires burkinabè".

Le 18 janvier, les autorités de Ouagadougou avaient demandé le départ, également dans un délai d'un mois, de la force française Sabre au Burkina Faso ainsi que celui de l'ambassadeur de France, Luc Hallade. Ce dernier a été rappelé à Paris pour "mener des consultations" et n'a toujours pas été remplacé.

(RE)voir : Burkina Faso : Paris rappelle son ambassadeur
TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...

Le 19 février, l'armée burkinabè avait annoncé la fin des opérations de la force Sabre, après une cérémonie solennelle de descente de drapeaux dans l'enceinte du camp Bila Zagré à Kamboinsin, en périphérie de Ouagadougou, où était stationné le contingent de 400 forces spéciales françaises.

Les relations entre la France et le Burkina se sont dégradées depuis l'arrivée au pouvoir par un coup d'État en septembre - le deuxième en huit mois - du capitaine Ibrahim Traoré.

Sur les traces du Mali

Les autorités ont depuis manifesté leur volonté de diversifier leurs partenariats, notamment en matière de lutte contre le jihadisme qui mine ce pays depuis sept ans.
Parmi les nouveaux partenaires envisagés figure la Russie.

(RE)voir : Burkina Faso : le capitaine Traoré dément la présence de Wagner
TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...

Les nouvelles autorités burkinabè suivent en cela l'exemple malien, également dirigé par des militaires putschistes depuis 2020, qui avaient dénoncé les accords de défense avec la France en mai 2022 et exigé le départ de plusieurs milliers de soldats français venus en 2013 aider à sa demande le Mali à lutter contre les groupes djihadistes.

Déjà fortes du temps de l'Union soviétique, le Mali entretient désormais des relations encore plus étroites avec la Russie qui lui fournit de l'équipement militaire. Des "instructeurs" russes se trouvent en territoire malien.

(RE)lire : Wagner au Mali : "Comment s'accorder avec une force qui n'obéit qu'à elle-même?"

Selon les pays occidentaux, il s'agit de "mercenaires" du groupe russe Wagner, ce que démentent les autorités maliennes. Le capitaine Traoré a également démenti la présence de mercenaires de Wagner au Burkina Faso. Face à cette politique hostile, la France a décidé de revoir les modalités de sa présence en Afrique.

Dans un discours prononcé ce 27 février à Paris, le président français Emmanuel Macron a prôné "l'humilité" et la "responsabilité".

(RE)voir : Que faut-il retenir du discours d'Emmanuel Macron ?
TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...

Sur le plan militaire, il a fait état d'une prochaine "diminution visible" des effectifs militaires français en Afrique et d'un "nouveau modèle de partenariat" impliquant une "montée en puissance" des Africains.

Le Burkina Faso, en particulier dans sa moitié nord, est confronté depuis 2015 aux attaques de groupes liés à Al-Qaïda et à l'organisation État islamique (EI), qui se multiplient ces dernières semaines.

Elles ont fait des milliers de morts et au moins deux millions de déplacés.