Après sa prise de pouvoir sanglante, Compaoré déclare que Sankara a « trahi l'esprit de la révolution » et engage une politique de « rectification de la Révolution ». En clair, il apaise les relations tendues avec son voisin la Côte d'Ivoire, ainsi qu'avec la France. En 1991, il restaure la IVème République et devient président. L'élection est boycottée par l'opposition.
DEUX FACETTES En 1998, il est réélu une première fois. Quelques jours après le scrutin, le journaliste
Norbert Zongo, fondateur de
L'Indépendant, est assassiné. Le journaliste avait enquêté sur la mort de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, frère du chef de l'État et conseiller à la présidence. Douze ans près la mort de Thomas Sankara,
l'affaire ébranle le pays. C'est la première fois que le pouvoir de Compaoré est réellement menacé. Un non-lieu est finalement prononcé. « Ni Blaise Compaoré ni son frère n'ont été inquiétés »,
dénonce l'association Reporters sans frontières. Compaoré est encore réélu en 1998 puis en 2005 : en face de lui, se sont présentés pas moins de 16 partis de l'opposition, incapables de s'entendre pour former une coalition. Ces dernières années, le président burkinabé cultivait une image de « facilitateur ». Il a été
médiateur de la CEDEAO plusieurs fois, dans la gestion de crises de différents pays d'Afrique de l'Ouest : Togo, Niger, ou encore Côte d'Ivoire. Cela lui aurait-il nuit ? s'interroge Damien Glez, dessinateur pour le
Journal du Jeudi,
sur SlateAfrique : « Compaoré n’est-il aujourd’hui qu’un super ministre des Affaires étrangères loin des réalités de son peuple ? » Blaise Compaoré a été réélu quatre fois avec plus de 80% des voix depuis son arrivée au pouvoir en 1987. Son mandat en cours, entamé en novembre 2010, doit théoriquement s'achever en 2015, selon l’article 37 de la Constitution. Théoriquement, car son parti parle déjà d'une modification du texte. Une boulimie de pouvoir qui révolte les Burkinabés.