Fil d'Ariane
Un soldat passe à côté d'un portrait de l'ancien président, Thomas Sankara, à Ouagadougou, au Burkina Faso, le 17 janvier 2016.
La demande d'enregistrement des débats a été rejetée lundi 11 octobre lors de la première journée du procès devant le tribunal militaire de Ouagadougou. L'audience a ensuite été ajournée au 25 octobre sur requête des avocats de la défense, exigeant un délai supplémentaire pour pouvoir mieux étudier le dossier de leurs clients.
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En raison de la personnalité de Sankara, leader "révolutionnaire" devenu une icône panafricaine dont l'aura dépasse largement les frontières du Burkina Faso, les avocats des parties civiles avaient demandé qu'il soit enregistré au nom de "la mémoire". Un enregistrement sonore ou vidéo n'aurait pas, selon eux, vocation à être diffusé dans les médias, mais alimenterait "les archives nationales".
La loi burkinabè interdit toutefois la captation des audiences. Nombreux sont ceux au Burkina Faso qui auraient souhaité que ce procès soit filmé, comme le furent ceux des dignitaires nazis à Nuremberg en 1945 ou celui de "l'organisateur de la solution finale" Adolf Eichmann en Israël en 1962.
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Autre argument en faveur d'un enregistrement, soulevé par Me Guy-Hervé Kam, un des avocats de la partie civile au procès de l'assassinat de Sankara, "les limites" des prises de notes par le greffe du tribunal. Dans un dossier constitué de 20.000 pièces, "il est impossible au greffe de tout noter", note-t-il. Or, la précision des témoignages et des débats au procès "est de la plus haute importance" quand viendra le temps des "plaidoiries et des délibérés", selon lui.
Du côté de la défense, Me Moumouni Kopiho a rappelé que tout enregistrement était interdit par la loi au Burkina. "J'ai refusé qu’on déroge à la loi, je n’ai pas refusé qu’on enregistre ce procès".
"Le tribunal n’a pas pour vocation de constituer des archives pour l’Histoire, il est là pour rendre la justice", a-t-il affirmé. La défense estime en outre qu'il n'existe "aucune garantie" qu'un enregistrement soit exclusivement réservé aux seules archives nationales.
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Pour Pascaline Zougrana, procureure militaire, "ce procès représente un intérêt évident pour l'Histoire", mais il ne doit pas se transformer en "procès spectacle". Un enregistrement risque selon elle de "porter atteinte à l'intégrité morale des accusés" et à "leur vie privée".
Le président du tribunal, Urbain Méda, a tranché: il n'y aura aucun enregistrement "sous quelle que forme que ce soit".