L'anopheles gambiae est un moustique présent dans la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest et Centrale. Dans un laboratoire de Bobo Dioulasso, des chercheurs sont chargés de modifier le génome de 10 000 d'entre eux pour les rendre stériles.
L'idée est de faire, ainsi, à terme, disparaître l'espèce. Et avec elle - veut croire l'instigateur du projet - le palludisme.
"L'objectif pour nous avec cette technologie, c'est quoi?
C'est d'arriver à réduire la densité de façon vraiment drastique au point que même s'il y a quelques individus qui restent, que cette densité ne puisse plus permettre de soutenir la transmission, explique le docteur Abdoulaye Diabaté, le chercheur principal. Et si cela peut nous permettre de sauver des millions de vies, je pense que c'est extrêmement important."
Au Burkina Faso, le paludisme a tué plus de 20 000 personnes en 2016 et en a rendu malade 8 millions d'autres. Le projet "Target Malaria", financé par la fondation Gates, a reçu le feu vert de l'Agence nationale de biosécurité burkinabè.
Un lâcher expérimental va être réalisé dans deux communes du pays.
Mais la société civile s'organise pour contrer le projet
Une soixantaine d'organisations, regroupées en collectif, dénoncent les risques imprévisibles et irréversibles de ces manipualtions génétiques, pour la santé et l'environnement. Les populations concernées par les futurs tests n'auraient pas non plus été correctement informées, comme la loi l'oblige.
"La technologie qu'ils veulent mettre en place qu'on appelle le "gene drive" ou "forçage génétique" va en fait les amener à disséminer un trait de caractère qui va descendre pour contaminer toute la descendance de l'espèce et cela va être très très dangereux.", regrette Ali Tapsoba, le porte-parole du Collectif citoyen pour l'agroécologie.
Le collectif a déposé un recours auprès du tribunal administratif contre les tests qui pouraient avoir lieu dans les prochains mois.
Des scientifiques de la sous-région ont aussi exprimé leurs inquiétudes.