Burkina Faso : qui est Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela, le Premier ministre nommé par le pouvoir militaire ?

Le président de la transition au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat fin septembre, a nommé vendredi 21 octobre comme Premier ministre, Apolinaire Joachim Kyelem de Tembela. Qui est cet avocat de 64 ans, formé en France, aux convictions panafricanistes ?
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Appolinaire Joachim Kyelem de Tembela sur le plateau de BF1, la première chaîne burkinabé le 9 août dernier.
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"Appolinaire Joachim Kyelem de Tembela est nommé Premier ministre", a indiqué un décret lu à la télévision publique par le secrétaire général du gouvernement Jacques Sosthene Dingara.
 
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Le décret présidentiel annonçant la nomination de Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela au poste de Premier ministre du Burkina.
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Kyelem de Tembela, avocat de profession est à la tête du Centre de recherches internationales et stratégiques, un groupe de réflexion.

Il est né à Koupéla, à 138 km à l'est de Ouagadougou. Il fait une partie de ses études en France à la faculté de droit de Nice. Il fait partie de ses étudiant de la diaspora qui soutiennent alors Thomas Sankara, le leader et président pan africaniste du Burkina Fasso, assassiné en 1987.

En 1983, alors étudiant à Nice avec ses camarades il crée le Comité de défense de la révolution (CDR).  Il sera l' auteur de plusieurs ouvrages sur l'ancien président burkinabé  notamment "Thomas Sankara et la Révolution au Burkina Faso - Une expérience de développement autocentré".

Il revient exercer son metier d'avocat et enseigner le droit dans son pays. L'homme est une figure médiatique. Habitué des plateaux de télévisionil dénonçait les dérives de la transition sous le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, renversé par le capitaine Ibrahim Traoré lors d'un coup d'État le 30 septembre.
 

Il ne faut pas rompre avec la France pour la Russie. Les manifestants qui brandisaient le drapeau russe ne connaissent pas les affaires de l'État. Notre système d'enseignement est basé sur le français. Nous parlons le français.

Appolinaire Joachim Kyelem de Tembela, le 9 août sur BF1.

Dans une interview, début octobre dans un quotidien burkinabé, L'Observateur Paalga, le nouveau Premier ministre avait montré sa méfiance vis-à-vis de Moscou.  « La Russie est plus exploiteuse que la France ; demandez des nouvelles à la Somalie, à l'Ethiopie et à l'Angola », disait l'avocat. Sur la télé burkinabé BF1 le 9 octobre il estimat qu'il était difficile de rompre avec la France. "Tout le système d'enseignement est basé sur le français. Nous parlons le français. Nous n'allons pas apprendre une autre langue. Nous pouvons effectivement cependant diversifier nos partenariats", indiquait alors le futur Premier ministre de la transition.

 


Quelles seront les marges de manoeuvre de ce Premier ministre au sein d'un pouvoir tenu par les militaires ? Figure médiatique, l'homme n'est pas à la tête d'un parti politique ou affilié à un mouvement politique. Il déclarera à plusieurs reprises que Ibrahim Traoré n'a pas besoin d'un Premier ministre.

Voir :  le capitaine Ibrahim Traoré investi président de transition
 
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Le 14 octobre dernier, une charte a été adoptée prévoyant la mise en place d'un gouvernement de 25 membres et d'une assemblée législative de 71 membres.

Le 24 janvier, des militaires emmenés par le lieutenant-colonel Damiba et regroupés au sein d'une junte appelée Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), avaient renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé d'incapacité face aux attaques jihadistes qui se sont multipliées au Burkina.

Mais ces attaques n'ont pas cessé en huit mois et un nouveau putsch a eu lieu le 30 septembre portant au pouvoir le capitaine Traoré qui a notamment invoqué la dégradation de la situation sécuritaire pour justifier ce coup d'Etat.

"Depuis le 24 janvier, jusqu'au 30 septembre, nous avons constaté des dérives qui ont conduit à un recadrage de cette transition", a résumé vendredi le capitaine Traoré dans son allocution lors de son investiture comme président.