Burkina Faso : reprise du procès Sankara après le rétablissement de la Constitution

Le procès Sankara reprend ce mercredi 2 février à Ouagadougou. Il avait été reporté après le coup d'État et la suspension de la Constitution la semaine précédente. 
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Photo Sankara
Thomas Sankara, à la tête du Burkina Faso entre 1983 et 1987. Capture d'écran TV5Monde. 
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"Le moment tant attendu est venu, le moment que les familles des victimes attendent depuis 34 ans. C'est le moment pour elles d'apaiser les cœurs, faire le deuil et connaître la vérité", a déclaré Ferdinand Nzepa, l'un des avocats de la partie civile lors de la réouverture des plaidoiries du procès Sankara.


Le procès des assassins présumés de l'ex-président burkinabè Thomas Sankara, tué lors d'un coup d'État en 1987, reprend ce mercredi 2 février. C'est ce qu'avait annoncé le tribunal militaire de Ouagadougou, après le rétablissement de la Constitution par la junte au pouvoir lundi 31 janvier. 

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"La vérité recherchée ne sera pas parfaite, car le temps s'est écoulé et certains ont pu échapper aux mailles de la justice", a ajouté Ferdinand Nzepa.

"Deux acteurs majeurs ont préféré prendre la poudre d'escampette: Hyacinthe Kafando et Blaise Compaoré. On aurait aimé qu'au soir de sa vie, Blaise Compaoré ait le courage de venir faire face à la justice, affronter le regard des treize familles, qu'il vienne demander pardon ou dire un mot" à leur endroit, a souligné Me Nzepa. "Au lieu de saisir cette opportunité pour s'expliquer sur les faits, il a préféré la fuite". 

Report après le coup d'État

Le procès avait été reporté lundi, après avoir déjà été une première fois suspendu par le putsch il y a une semaine.

"Le tribunal a examiné les différents arguments" et "décidé de suspendre l'audience pour une bonne administration de la justice. Il invite les parties à rester à l'écoute pour la reprise qui se fera après le rétablissement de la Constitution", avait déclaré lundi matin le président de la juridiction militaire, Urbain Meda.

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Dès l'ouverture de la séance de reprise du procès qui avait été interrompu par le coup d'État du 24 janvier, les avocats de la partie civile avaient demandé sa suspension. Ils attendaient "la normalisation juridique" de la part des nouveaux dirigeants du pays.

"La partie civile estime qu'un procès doit se tenir dans un délai raisonnable, mais nous ne voulons pas d'un procès" qui soit entaché "d'irrégularités", avait déclaré Prosper Farama, avocat de la famille Sankara.

Un avocat de la défense, Mamadou Sombie, avait estimé lui que "la justice n'est pas rendue au nom de la Constitution, mais au nom du peuple burkinabè".

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Les accusés plaident "non coupable"

Le procès, qui a débuté en octobre 2021, avait été interrompu le jour du putsch, alors qu'il devait entrer dans la phase des réquisitoires et des plaidoiries.

Douze des quatorze accusés, dont le général Gilbert Diendéré, un des principaux chefs de l'armée lors du putsch de 1987, étaient présents à ce procès.

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Le principal accusé, l'ancien président Blaise Compaoré (1987-2014), avait été porté au pouvoir par ce putsch qui avait coûté la vie à Thomas Sankara. Au pouvoir depuis 1983, le leader progressiste est depuis une icône panafricaine.

Blaise Compaoré était absent, ses avocats ayant dénoncé "un simulacre de procès" devant "un tribunal d'exception". Soupçonné d'avoir été le commanditaire de l'assassinat de Sankara et de douze de ses compagnons, ce qu'il a toujours nié, il a été chassé du pouvoir en 2014 par la rue et vit depuis en Côte d'Ivoire.

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Autre grand absent, l’adjudant-chef Hyacinthe Kafando, ancien commandant de la garde de Blaise Compaoré. En fuite depuis 2016, il est soupçonné d'avoir mené le commando ayant assassiné Thomas Sankara et ses compagnons.

L'écrasante majorité des accusés présents ont plaidé "non coupable", notamment de "complicité d'assassinat", dont le général Diendéré, qui purge déjà une peine de 20 ans de prison pour une tentative de coup d’´État en 2015.

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