Burkina Faso : Roch Marc Christian Kaboré, un an au pouvoir

Il y a un an jour pour jour, Roch Marc Christian Kaboré prenait les rênes du Burkina Faso, plus d’un an après la démission de Blaise Compaoré. Quel est le bilan de sa première année au pouvoir ? 
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Kaboré
Roch Marc Christian Kaboré devant le Splendid Hôtel après l'attaque qui a fait 30 morts le 15 janvier 2015. 
© AP Photo/Sunday Alamba
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Il y a un an, Roch Marc Christian Kaboré était officiellement investi président de la République du Burkina Faso. Un mois avant, il avait été élu dès le premier tour avec 54,3% des voix, devenant ainsi le premier chef d'Etat burkinabé démocratiquement élu depuis 1978. Cette élection devait tourner la page d'une année de transition tendue et de 27 ans de régime Compaoré. Le pari semble aujourd'hui réussi. 

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A l'occasion de l'anniversaire de sa première année au pouvoir, le président Roch Marc Christian Kaboré a répondu aux questions des internautes sur les réseaux sociaux Twitter et Périscope mercredi 28 décembre. Le président s’est entretenu durant une heure et demie avec les Twittos et a abordé divers sujets liés à son bilan et ses projets. Une première au Burkina Faso et même en Afrique de l'Ouest. Après les internautes, le président doit répondre aux questions des journalistes ce jeudi 29 décembre. 
 
 

"Des efforts et de grandes insuffisances"

Pour faire un point sur l'année passée, le quotidien burkinabé Le Pays a publié un article intitulé "An I de Roch Kaboré : les chantiers restent énormes". Dans cet article, le journal salue "l’installation d’une commission constitutionnelle où sont représentées pratiquement toutes les sensibilités". Il se réjouit également de la mise en place de la commission chargée de se pencher sur la réconciliation nationale.

Sur le plan économique, le président a "amorcé le paiement de la dette intérieure" pour tenter de l'éponger. Selon la Banque africaine de développement (AfDB), "Une croissance d’au moins 5 % est attendue en 2016, puis de 5.9 % en 2017, grâce à la reprise du sous-secteur minier et au retour à des institutions démocratiques." Enfin, dans le domaine social, Le Pays rappelle que le gouvernement a mis en œuvre "la gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes". 

Le principal point négatif de la politique de Kaboré est, selon le journal, la sécurité. "Les attaques récurrentes et meurtrières qui y sont enregistrées, nuisent véritablement à l’image du pays. Et pour appeler les choses par leur nom, on peut se risquer à dire que la politique sécuritaire de Roch présente des faiblesses, tant au niveau du renseignement, de l’équipement des hommes qu’au niveau du commandement".

Le 15 janvier 2016, le Burkina Faso a été frappé par l’attentat du bar le Capuccino et du Splendid Hôtel. Au total, 30 personnes avaient été tuées (dont la photographe franco-marocaine Leïla Alaoui) et plus de 70 blessées. A cette époque, la réactivité des forces de sécurité du pays avait été fortement critiquée. 

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Les chantiers restent donc énormes

Le Pays, quotidien burkinabè

Dans le cadre de la réorganisation des forces armées, le président Roch Marc Christian Kaboré a annoncé, ce jeudi 29 décembre, la nomination du colonel major Oumarou Sadou, inspecteur des armées de 57 ans, à la tête des armées du Burkina Faso. Un ministère dédié entièrement à la Sécurité pourrait voir le jour prochainement assure le site Fasozine.

Parmi les points négatifs, le quotidien burkinabè pointe aussi du doigt la "lenteur dans la relance de l’activité économique", le chômage de "milliers de Burkinabè", "la persistance de la corruption", ou encore la "gestion approximative des grands dossiers qui restent pendants devant la Justice". 

Concernant le chantier des réformes sociales sur lequel le président était très attendu, Augustin Loada, professeur de droit constitutionnel et de science politique à l’université Ouaga II et ancien ministre de la Fonction publique dans le gouvernement de transition, s'est exprimé sur RFI : "malgré les efforts consentis par le gouvernement, les réponses ne sont pas encore à la hauteur des attentes sociales et donc les revendications restent entières". 

La première année au pouvoir de Kaboré a donc été marquée par des efforts mais aussi par de grandes insuffisances, résume Le Pays avant de conclure : "Les chantiers restent donc énormes".