Burkina : report du procès de 34 ministres et du président Compaoré

Ce jeudi 27 avril 2017 devait s'ouvrir à Ouagadougou le procès exceptionnel de l'ensemble du gouvernement de Luc Adolphe Tiao, dont faisait partie l'ancien président Blaise Compaoré. Les 35 accusés sont jugés pour leur implication dans la répression de l'insurrection populaire de 2014 qui avait entraîné la chute du régime. L'audience est reportée d'une semaine.
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Blaise Compaoré en 2009
©AP / A. Niedringhaus
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Le procès s'annonce hors norme. 34 anciens ministres et l'ex-président Blaise Compaoré devaient être jugés ce jeudi 27 avril par la Haute Cour de justice du Burkina Faso. Les débats sont finalement repoussés au jeudi 4 mai. Elles auront lieu en l'absence de l'ex-chef de l'Etat, en exil à Abidjan, en Côte d'Ivoire depuis qu'il a quitté le pouvoir. Il a fait savoir qu'il ne se présenterait pas devant les juges et il ne peut être extradé depuis qu'il a adopté la nationalité ivoirienne. Ses avocats dénoncent une procédure "vouée à l’échec car (...) contraire à la Constitution du Burkina Faso".

33 morts

La justice reproche aux 35 accusés leur implication dans la répression sanglante de l'insurrection d'octobre 2014. Le premier ministre de l'époque Luc Adolphe Tiao est poursuivi pour avoir signé la réquisition spéciale qui "a fourni aux forces de défense et de sécurité les instruments et moyens qui leur ont permis de tirer à balles réelles sur des manifestants". Les ministres, eux, sont accusés de "complicité d'homicide et blessures volontaires" pour avoir participé au Conseil des ministres au cours duquel, le 29 octobre 2014, a été décidé la réquisition de l'armée pour réprimer les manifestations. L'intervention des militaires s'était soldée par la mort de 33 personnes (mais le procès ne porte que sur 7 décès) et en avait blessé 88 autres.

Blaise Compaoré faisait partie de ces ministres puisqu'il détenait à l'époque le portefeuille de la Défense, en plus de la Présidence du pays. Les manifestants s'insurgeaient contre sa volonté de se maintenir au pouvoir, après 27 ans de règne. Le dirigeant tentait alors de faire modifier la Constitution afin de briguer un cinquième mandat.

Tous les accusés risquent la peine de mort. Le procès se tiendra à Ouagadougou et devrait durer huit jours.

"Vérité et justice"

"Ce que nous espérons, c'est la vérité et la justice (...), pour que le peuple burkinabè puisse repartir sur la bonne voie", déclare Nébon Bamouni, le porte-parole de l'Union des familles de l'insurrection populaire. De son côté, le secrétaire général de l'Union des familles de l'insurrection populaire, Patrice Bazié ajoute : "Nous attendons que le droit soit dit". La justice est une "condition sine qua non de notre sincère réconciliation" selon lui.

A l'inverse, le parti de Blaise Compaoré dénonce un "règlement de comptes politiques". "Nous ne nous faisons pas d'illusions. Les dés sont jetés", estime le Congrès pour la démocratie et le progrès, accusant le pouvoir de livrer une "chasse aux sorcières" contre les "anciens ministres pourchassés par la vindicte du régime" actuel.

Les neufs membres de la Haute cour de justice ont été renouvelés en 2015. Trois d'entre eux ont été nommés par le président de la Cour de cassation et six par le Parlement. Elle est présidée par une magistrate de grade exceptionnel, Elisabeth Bado-Somé.