Fil d'Ariane
Cette pratique des disparitions forcées, souvent utilisée par les militaires, est apparue en Amérique latine dans les années 1960. Elle obéit à une terrible logique : sans victime, ni coupable, ni crime ni délit.
Louis Joinet, à l'origine de la Convention internationale contre les disparitions forcées (2010) , précise : "Au sein de l'ONU, il existe toujours un groupe de travail sur les disparitions forcées, dont on mesure aujourd’hui l’utilité. Le comité conventionnel créé en 2011 a pour mandat de vérifier que la Convention est bien respectée par les États signataires. Le Groupe de travail, lui, reste compétent à l’égard des États qui n’ont pas encore ratifié la Convention. Et ils sont nombreux."
Le Burundi a bien signé cette convention le 6 février 2007. Mais, subtilité diplomatique, signer ne veut pas dire accepter. Le pays n'a jamais ratifié la convention internationale.
Photo du jour : barricade des élèves du Lycée #Muramvya contre la police venue arrêter les leurs. #IntumvaNkurunziza pic.twitter.com/ClO9VLkZnf
— Pacifique NININAHAZW (@pnininahazwe) 3 juin 2016
Le Burundi traverse une crise politique depuis que le président Pierre Nkurunziza a décidé de briguer un troisième mandat en avril dernier. Une décision qui a déclenché un tollé dans la population. Beaucoup la considèrent comme contraire à la Constitution. Dans le dernier rapport de SOS Burundi, la Fédération Internationale de l'ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture,) on apprend que les simples civils, militants ou non, ne sont pas les seuls visés par les disparitions forcées. Les militaires et les agents de police sont aussi victimes de cette pratique. L'ONG donne une idée de l'ampleur du phénomène. Au cours de la semaine passée, "Au moins dix personnes ont été arrêtés dans la commune Mugamba de la province Bururi". Les zones les plus touchées par ces violences seraient Musaga, Mutakura, Cibitoke, Jabe et le centre, vers la mairie de Bujumbura.
Selon la FIDH, un an après le début des violences, le bilan de la répression serait "d’au moins 700 personnes tuées, 4300 détenues, 800 personnes disparues, des centaines torturées, plusieurs dizaines de femmes victimes de violences sexuelles, et des milliers d’arrestations. 250 000 personnes ont déjà fui le pays".
Tout cela dans la tiédeur de la "communauté internationale". Ainsi, selon un communiqué publié mercredi 27 avril à Genève, Zeid Ra’ad Al Hussein, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a "vivement condamné" la hausse des attaques contre des hauts responsables au Burundi. Pas de quoi inquiéter les auteurs de ces violences extrêmes.