Cacao : pourquoi le Ghana et la Côte d'Ivoire cessent de vendre leurs récoltes ?
Du jamais vu dans l'histoire de "l'or brun". Les deux premiers producteurs mondiaux de cacao, le Ghana et la Côte d'Ivoire, font front commun contre les marchés, en suspendant la vente de leurs récoltes pour 2020 et 2021. Leur but : obtenir un prix plancher de 2600 dollars la tonne, afin de mieux rémunérer les agriculteurs.
La Côte d'Ivoire et le Ghana unissent leurs forces pour faire pression sur les marchés. Ces deux pays, qui représentent plus des deux tiers de la production mondiale de cacao, ont décidé de suspendre la vente de leurs récoltes de 2020 et 2021 jusqu'à nouvel ordre. Objectif : préparer la mise en place d'un prix "minimum" : 2600 dollars la tonne.
Ce prix a été approuvé, sur le principe, par les producteurs et les négociants, selon le directeur général du "Ghana cocoa Board". Une prochaine réunion doit avoir lieu le 3 juillet à Abidjan pour discuter de la mise en place de cette mesure.
Objectif : mieux rémunérer les agriculteurs
Sur les 100 milliards de dollars que représente le marché mondial du chocolat, seuls 6 milliards reviennent aux agriculteurs. Une situation jugée "déraisonnable" parle vice-président du Ghana, Mahamudu Bawumia.
"Un juste prix des fèves de cacao serait une grande aide pour appuyer les investissements du gouvernement dans les infrastructures rurales, et pour améliorer les condition de vie", souligne Mahamudu Bawumia, vice-président du Ghana.
Une décision peut-être pas anodine alors que ces deux pays tiendront des élections en 2020. L'or brun représente 10 % du PIB de la Côte d'ivoire, à peine moins pour le Ghana.
Il s'agit d'obtenir des industriels et des autres partenaires de la filière un prix qui puisse rémunérer le travail de l'homme décemment.
Yves Kone, directeur général du Conseil Café Cacao de Côte d'Ivoire
Les producteurs vivent dans une extrême pauvreté
Pour l'Organisation internationale du cacao (ICCO), le consensus existe "pour dire que les prix du cacao sont structurellement trop bas. Depuis 30 ans, le prix en dollars constants a été divisé par quatre", a indiqué à l'AFP Michel Arrion, son directeur exécutif.
Mais si le prix de 2.600 dollars "n'est pas irréaliste", selon lui, "la hausse du prix sur le marché mondial n'ira pas forcément dans la poche des producteurs", qui vivent dans une "pauvreté extrême".
Sur les marchés, cette réunion a participé à la hausse du prix du cacao, qui a atteint mercredi en séance 2.552 dollars la tonne à New York. Cependant, cette hausse pourrait n'être que temporaire, prévient Casper Burgering, analyste matières premières pour la banque néerlandaise ABN Amro, joint par l'AFP. "Pour l'instant, il y a nettement assez de cacao pour répondre à la demande, puisque la mise en place de ce prix plancher va mettre un an, plus ou moins. Il y a un risque que les cours actuels redescendent."