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©Interview par Dominique Tchimbakala / TV5MONDE
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Cameroun : affrontements meurtriers entre police et séparatistes

Le Cameroun coupé en deux : Yaoundé contre les séparatistes. Des séparatistes qui parlent anglais et se considèrent comme des citoyens de seconde zone parmi les francophones. Dimanche 1er octobre 2017, ils ont symboliquement proclamé leur indépendance et des affrontements meurtriers ont éclaté avec les forces de l'ordre. Au moins sept personnes ont été tuées.

Les affrontements entre la police et les manifestants ont fait au moins sept morts dans les régions anglophones du Cameroun le week-end dernier, et des blessés.

Selon plusieurs témoignages, les autorités ont eu recours à des coups de feu pour disperser les manifestants dans plusieurs localités du pays.

Yaoundé avait déployé des forces de police dans les régions anglophones du pays notamment à Bamenda, chef-lieu du Nord-Ouest, et à Buea chef-lieu du Sud-Ouest. 

Réagissant sur Twitter, le président camerounais Paul Biya a condamné "de façon énergique tous les actes de violence, d'où qu'ils viennent, quels qu'en soient les auteurs", appelant au "dialogue".

Rejet de Yaoundé

Les séparatistes anglophones ont choisi ce dimanche 1er octobre pour proclamer unilatéralement leur "indépendance". Un jour symbolique puisqu'il s'agit de la date de la réunification officielle des parties anglophone et francophone du Cameroun, en 1961.
 

> A voir l'interview du spécialiste Yves Mintoogue ci-dessus :
 

L'Etat camerounais ne fait pas d'efforts pour respecter les spécificités culurelles dans le domaine de l'éducation.

Le chercheur Yves Mintoogue.



> Retour sur les faits de ce dimanche 1er octobre ci-dessous :

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Depuis novembre 2016, la minorité anglophone - soit environ 20% des 22 millions de Camerounais - proteste contre ce qu'elle appelle sa "marginalisation" dans la société.     

Certains anglophones exigent le retour au fédéralisme, tandis qu'une minorité réclame la partition du Cameroun, deux scénarios que Yaoundé ne veut pas entendre.

La crise provoquée par cette contestation, exacerbée début 2017 avec une coupure d'internet de trois mois, s'est amplifiée ces dernières semaines avec la volonté de proclamer symboliquement l'indépendance des régions anglophones.

Le 22 septembre, "entre 30 et 50.000" séparatistes y ont manifesté, selon un décompte de l'organisation International Crisis Group (ICG), qui relève que c'est la plus grande manifestation depuis février 2008 et les violences liées à l'augmentation du prix de l'essence.

Proclamation symbolique d'indépendance            

La déclaration symbolique d'"indépendance" a été faite sur les réseaux sociaux dimanche 1er octobre par Sisiku Ayuk, "président" de l'Ambazonie, du nom de la République séparatiste que les indépendantistes entendent créer.

Auparavant, Yaoundé avait pris des mesures fortes : couvre-feu instauré dans les deux régions anglophones, interdiction des réunions de plus de quatre personnes dans l'espace public et des déplacements entre les localités.

L'accès à internet y était perturbé depuis vendredi, selon un journaliste de l'AFP, malgré les assurances données mercredi par le gouvernement qu'il n'y aurait pas de coupure d'internet dans les régions anglophones.

Joint par l'AFP depuis Buea, le vice-président du Social democratic front (SDF, principal parti d'opposition) Joshua Osih, s'est insurgé contre les "forces de l'ordre" qui "tirent à balles réelles sur les manifestants". "Lever un drapeau ne mérite pas la mort", a-t-il déclaré tout en soulignant être contre toute sécession.

"Depuis le début de la crise c'est le durcissement du gouvernement qui a radicalisé la population. Ils se sont rendus compte (le 22, ndlr) que les sécessionnistes ne sont pas que sur Facebook et qu'ils ne sont pas si minoritaires que ça. D'où une surréaction du régime qui est depuis une décennie sur la défensive", analyse Hans de Marie Heungoup, chercheur sur le Cameroun à l'ICG, joint par l'AFP depuis Libreville.

L'Union européenne a appelé samedi "tous les acteurs" à "faire preuve de retenue et de responsabilité". Jeudi, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a exhorté les autorités camerounaises "à promouvoir des mesures de réconciliation nationale".