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Cameroun : des manifestations au Nord, un attentat au Sud

Dans le sud du Cameroun, une double explosion a eu lieu à Douala. Dans le nord, des manifestations favorables à la partition du pays ont réuni des milliers de manifestants anglophones. 
La ville de Douala (sud), poumon économique du Cameroun, a été la cible vendredi matin d'une double explosion d'origine "criminelle" qui n'a pas fait de victime, a rapporté la radio d'Etat.
"Une double explosion" a eu lieu vendredi 22 septembre près de la Société camerounaise de dépôts pétroliers (SCDP), sans faire de victime, a rapporté la Cameroon radio-television (CRTV).
L'explosif a été fabriqué à l'aide d'une "bouteille à gaz et de deux batteries de moto", a ajouté la CRTV. L'origine de la double explosion est "criminelle", a affirmé sur les antennes de la radio d'Etat le gouverneur de la région du Littoral dont Douala est le chef-lieu, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua.

Aucune organisation n'a pour l'heure revendiqué la double explosion. Ivaha Diboua a néanmoins déclaré que "les techniques (utilisées à Douala), nous les connaissons dans certaines zones où le terrorisme a commencé", ne précisant pas s'il faisait référence à l'explosion de jeudi à Bamenda (chef-lieu de la région anglophone du Nord-Ouest).

Jeudi 21 septembre, trois policiers camerounais ont été blessés dans "un attentat" à l'explosif à Bamenda, épicentre de la crise provoquée par la contestation anglophone au Cameroun.

Des manifestations dans le Nord

Plusieurs milliers de Camerounais anglophones favorables à la partition de leur pays ont manifesté pacifiquement vendredi dans les rues des régions anglophones, tandis que les autorités de l'une d'elles ont interdit jeudi toute manifestation selon des sources concordantes.
"Depuis le matin (de vendredi), plusieurs milliers de personnes marchent pacifiquement dans les rues de Bamenda", chef-lieu de la région du Nord-Ouest et épicentre de la crise provoquée par la contestation anglophone au Cameroun, a rapporté à l'AFP une source proche des autorités régionales s'exprimant sous couvert de l'anonymat.

Jeudi, les autorités de la région anglophone du Nord-Ouest ont interdit toute manifestation de rue ainsi que les déplacements entre les départements de la région jusqu'au 3 octobre, selon la radio d'Etat vendredi.

Une forte présence policière a été déployée vendredi à Bamenda, ont affirmé plusieurs sources. Les "manifestants sont arrivés à l'entrée du campus de l'université de Bamenda. Ils ont chanté et hissé le drapeau" de l'Ambazonie, la république indépendantiste qu'ils veulent créer, a témoigné à l'AFP un enseignant de l'université présent sur place.

"Ils ont ensuite enlevé leur drapeau et poursuivi leur marche, sans heurts. En ville, les commerces sont fermés", a-t-il rapporté. D'autres manifestations ont eu lieu dans la région du Sud-Ouest, la seconde région anglophone du Cameroun, sur les dix que compte le pays, selon des sources concordantes.
    
Les indépendantistes camerounais avaient appelé à la manifestation pacifique jeudi sur les réseaux sociaux, et certains d'entre eux y ont envisagé de proclamer symboliquement le 1er octobre l'indépendance des régions anglophones.

Depuis novembre 2016, la minorité anglophone - environ 20% des 22 millions de Camerounais - proteste contre ce qu'elle appelle sa marginalisation, entre autres dans l'enseignement et la magistrature. Certains anglophones exigent le retour au fédéralisme tandis qu'une minorité réclame la partition du Cameroun. Deux scénarios que refuse Yaoundé.

En août, des séparatistes anglophones ont annoncé via les réseaux sociaux la constitution d'un groupe armé indépendantiste. Le gouvernement camerounais prend la menace très au sérieux.   

Plusieurs centaines de militaires avaient été déployés en août dans les zones anglophones, après les premiers renforts envoyés sur place il y a plusieurs mois. Depuis le début de la rentrée scolaire en septembre, plusieurs écoles ont été incendiées, notamment à Bamenda.

Fin août, le président du Cameroun Paul Biya avait joué l'apaisement en décrétant l'arrêt des poursuites judiciaires pour "terrorisme" et "rébellion" contre des leaders de la minorité anglophone.