Fil d'Ariane
C’est une situation inédite en Afrique. Le réseau était coupé dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest depuis près de trois mois. Ce vendredi 21 avril, la connexion a été rétablie. Enfin, pas tout à fait. Certains internautes remarquent des interruptions.
Mais ces désagréments n’ont rien à voir avec ce que les Camerounais anglophones ont connu pendant “la répression numérique”. En coupant Internet, les autorités camerounaises ont tenté de juguler la contestation anglophone née fin 2016 dans ces deux régions.
Lancé par des professeurs et des juristes, ce mouvement revendique le retour au fédéralisme supprimé en 1972, voire le séparatisme pour une minorité. Représentant 20% des 22,5 millions d'habitants du Cameroun, les anglophones du pays s’estiment discriminés et dénoncent la francophonisation du système d’éducation. Le français et l'anglais sont pourtant les deux langues officielles du Cameroun. Ils estiment également ne pas profiter assez de la répartition des richesses provenant du pétrole.Pour les autorités, les membres de ces corporations sont des “activistes extrémistes, mus par des velléités sécessionnistes qui ont profité pour diffuser des messages de haine et inciter à la perpétration d’actes de violence et à des exactions de toutes sortes”.
Pendant 94 jours, les habitants de ces deux régions n’ont pas pu faire des opérations en ligne, communiquer et certains ne pouvaient même pas travailler. Nombreux sont ceux qui ont dû se déplacer constamment jusqu’à Douala, la capitale économique du pays, afin de “fonctionner normalement”. Des réfugiés numériques, comme ils ont été appelés. Selon Internet sans Frontières, cette coupure qui a commencé en janvier a coûté plus de 4 millions de dollars à l’économie camerounaise.$4.5 million lost over 94 days of Internet shutdown, in Anglophone Cameroon. Fight to #Keepiton everywhere! #BringBackOurInternet https://t.co/t4BSams7g1
— Onica N. Makwakwa (@AfroDiva) April 21, 2017
Thanks to ALL who advocated for the #BringBackOurInternet campaign. Now lets Focus on #FreeOurLeaders and #FreeSouthernCameroons https://t.co/xU79di5NSH
— Innocent Awasom (@AwesomeYnnocent) April 21, 2017
La crise est donc loin d’être résolue. Les revendications visant à réduire les écarts sociaux, économiques et politiques entre ces régions et le reste du pays restent intactes. Cette crise a même encouragé les plus radicaux qui parlent désormais de la République d’Ambazonie qui naîtrait de la réunion du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
ANGLOPHONE CRISIS IN CAMEROON :
— Albert Nchinda (@AlbertNchinda) April 21, 2017
• #BringBackOurInternet : Done
• #FreeAllArrested : Waiting
• #Dialogue : Waiting
Much work to be done!
"Beaucoup reste à faire", estime ce Camerounais.
Les raisons des tension entre ces régions et le gouvernement central ne sont pas nouvelles et remontent à 1992, écrit Le Point. C’est alors que se déroule un scrutin “qui a vu Paul Biya l’emporter avec une courte avance sur le candidat anglophone, et dont les résultats n’ont cessé d’être contestés par une partie de la population”.
Si aujourd’hui le Cameroun détient le record de la plus longue coupure “politique”, comme le rappelait le lanceur d’alerte Edward Snowden, ce pays n’a pas inventé la pratique. Il s’agit d’une “solution bien aimée pour contrôler l’information”, explique RFI. “Les coupures d’Internet, partielles ou totales, sont de plus en plus fréquentes dans des pays au contexte politique tendu” comme au Tchad ou au Gabon, ajoute la radio publique.