Fil d'Ariane
Ce dimanche 30 juin, Brenda Biya, fille du président du Cameroun Paul Biya, poste sur son compte Instagram (@kingbasty) un cliché d'elle embrassant sa compagne brésilienne Layyons Valença. Son "coming out" déclenche une polémique au Cameroun. Dans son pays, l'homosexualité est punie de 5 ans de prison. La jeune femme vient d'accorder un entretien au quotidien français, Le Parisien. Elle espère que son histoire pourra "faire changer la loi". Ses parents, le Président Paul Biya et la Première dame Chantal Biya, ont coupé les ponts avec leur fille. Extraits.
Brenda Biya et sa compagne sur le compte Instagram de la fille du président.
"Je me sens mieux. Je suis soulagée. J'ai reçu beaucoup de soutien. Mais j'ai aussi reçu des réactions négatives homophobes. Il y en a eu de très violentes que je suis encore en train de digérer." Depuis son domicile de Genève, Brenda Biya se confie publiquement, dans un entretien au Parisien, pour la première fois depuis l'affirmation de son homosexualité sur les réseaux sociaux le 30 juin dernier. La jeune femme avoue se sentir désormais "libre".
Je suis un peu le mouton noir de la famille.
Brenda Biya au Parisien
Son père Paul Biya, 91 ans, est le patriarche du clan. Il règne sur le Cameroun depuis 1982. Sa mère, Chantal Biya, 53 ans, est la troisième épouse du Président. Elle est une des incarnations du régime. Son frère Franck Biya, né en 1971, est le fils ainé du Président. Il est présenté, par certains analystes, comme le potentiel successeur de son père. Cette famille partage sa vie entre le Cameroun et la Suisse.
Brenda Biya, elle, n'a jamais eu d'ambition politique. Elle s'est mise au Hip-Hop et a pris le nom d'artiste de King Nasty. "Je suis un peu le mouton noir de la famille", témoigne Brenda Biya.
Images de Brenda Biya embrassant sa compagne sur son réseau social.
Brenda Biya raconte dans cet entretien une partie de son parcours et un peu de sa vie privée. "Quand j'ai quitté le Cameroun au collège pour la Suisse, ça m'a un peu libérée. J'ai eu mon premier crush pour une fille quand j'avais 16 ans", témoigne la fille du Président. "J'ai eu ma première relation avec une femme en première année d'université et j'ai commencé à m'affirmer un peu plus", poursuit-elle dans les colonnes du Parisien.
J'ai surpris tout le monde. Je pensais l'annoncer depuis un moment.
Benda Biya au Parisien
La jeune artiste vit depuis plus de huit mois avec une mannequin brésilienne Layyons Valença. Mais pourquoi Brenda Biya décide-t-elle de dévoiler sa relation et son homosexualité maintenant sur les réseaux sociaux ? "Je n'en ai parlé à personne, pas même à ma copine. J'ai surpris tout le monde. Je pensais l'annoncer depuis un moment", explique-t-elle.
Mes parents voulaient que je supprime la publication. Mais pour moi, c'était comme faire un pas en arrière et j'avais déjà sauté le pas. Depuis c'est silence radio.
Brenda Biya sur la réaction de Paul et Chantal Biya
(Re)lire Brenda Biya, fille du président du Cameroun, affirme son homosexualité
Ce 'coming out' a surpris sa famille. "Mon frère m'a appelé le premier. Il était en colère, surtout à cause de la manière dont je l'avais fait."
Ses parents, le président Paul Biya et la Première dame, Chantal, l'ont ensuite appelée. "Ils voulaient que je supprime la publication. Mais pour moi, c'était comme faire un pas en arrière et j'avais déjà sauté le pas. Depuis c'est silence radio", raconte Brenda Biya.
L'annonce de l'homosexualité de la fille du Président fait scandale dans le pays. Le Code pénal camerounais condamne les personnes homosexuelles à des peines pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison (articles 347-1 à 347-3).
Je peux perdre beaucoup, froisser les liens avec ma famille. Ne plus avoir le droit d'aller dans mon pays, être mise en prison.
Brenda Biya au Parisien
Ces années de prison sont assorties d'amendes. Le Code pénal camerounais est l'un des plus durs et restrictifs concernant les droits des personnes LGBTQIA.
Le "coming-out" de la fille du Président peut-il changer les choses ? Brenda Biya espère que oui. "J'ai espoir que mon histoire fasse changer la loi." "Les mentalités sont en train d'évoluer au Cameroun notamment chez la jeune génération", ajoute la jeune femme.
Comment voit-elle son avenir ? "Je peux perdre beaucoup, froisser les liens avec ma famille. Ne plus avoir le droit d'aller dans mon pays, être mise en prison... Mon souhait le plus cher serait d'avoir une conversation directe et ouverte avec mes parents."
Une vingtaine de personnes sont en prison au Cameroun à cause de leur homosexualité.