Fil d'Ariane
Créé en 1997 par le cinéaste camerounais Bassek Ba Kobhio, le festival de cinéma « Écrans noirs » se tient à Yaoundé, au Cameroun depuis le 14 octobre dernier, et ce jusqu’au samedi 21 octobre prochain. Pour cette 27ème édition, le Sénégal est le pays invité et un hommage particulier est rendu à feu le célèbre cinéaste sénégalais Sembene Ousmane, surnommé « L’aîné des anciens ».
Le cinéaste camerounais Bassek Ba Kobhio, fondateur du festival de cinéma « Ecrans noirs », lors de la cérémonie d'ouverture de la 27ème édition, le 14 octobre 2023, à Yaoundé, au Cameroun.
Le colloque international célébrant le centenaire de Sembene Ousmane (1923-2023), le « père du cinéma africain », s’est ouvert ce jeudi 19 octobre 2023 (et il se clôture ce vendredi 20 octobre) à la Maison de la radio, à Yaoundé, la capitale camerounaise, dans le cadre de la 27ème édition du festival de cinéma « Écrans noirs ».
Autour du thème « Ousmane Sembene et le cinéma comme école du soir : importance, impact, héritage et pertinence contemporaine », les spécialistes du 7ème art du continent et de la diaspora se penchent sur l’héritage du cinéaste sénégalais et homme de culture légendaire.
Inventeur de formes, artiste du peuple, critique implacable des systèmes et des institutions, Sembene Ousmane concevait en effet le cinéma comme un moyen de dialoguer avec les peuples, d’éduquer les populations, de dénoncer les dérives des élites prédatrices…
Et comme l’a rappelé Khare Diouf, l’ambassadeur du Sénégal au Cameroun, dans son allocution le jour de la cérémonie d’ouverture, le 14 octobre dernier : « De Ziguinchor où il naquit en 1923, il a parcouru le monde, d’abord comme une sorte de picaro sur le chemin caillouteux de l’initiation. »
L'ambassadeur du Sénégal au Cameroun Khare Diouf (à gauche), et le ministre camerounais des Arts et de la Culture (à droite), Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, rendent hommage au cinéaste sénégalais Sembene Ousmane, à Yaounde, au Cameroun, ce jeudi 19 octobre 2023.
Et il ajoute : « Ouvrier, soldat dans le corps des tirailleurs sénégalais, docker comme en atteste le titre de son premier roman, militant communiste, cinéaste, Sembene était un homme éblouissant d’énergie dont la vie a été vouée à la défense des causes justes. »
Au cours de cette même cérémonie d’ouverture qui s’est tenue comme d’habitude au palais des Congrès de Yaoundé, les festivaliers ont pu voir ou revoir « Borom sarret », le premier film de Sembene Ousmane.
Court métrage de fiction sorti en 1963, « Borom sarret » raconte l’histoire d’un pauvre conducteur de charrette attelée à un cheval, qui tente de gagner sa vie à Dakar, au Sénégal.
Malheureusement, il se laisse souvent abuser car il ne précise pas toujours à l’avance que ses services sont payants. Comble de malheur, le charretier se fait confisquer son unique outil de travail par un fonctionnaire zélé.
Autre hommage, celui rendu à la Burkinabé Alimata Salambéré, membre fondatrice du FESPACO, le festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, et présidente du comité d’organisation de la première édition de la biennale en 1969.
Alimata Salambéré, membre fondatrice du FESPACO, le festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, reçoit un écran d'honneur lors de la cérémonie d'ouverture du festival Ecrans noirs, à Yaoundé, au Cameroun, le 14 octobre 2023.
Alimata Salambéré a été honorée par le festival « Ecrans noirs » pour sa contribution au rayonnement international du cinéma et des industries culturelles en Afrique. Journaliste-reporter à ses débuts, Alimata Salambébé a patiemment gravi les échelons au sein de la RTB, la radiotélévision burkinabé.
Avant la cérémonie de clôture prévue ce samedi 21 octobre, les festivaliers peuvent participer comme chaque année à un large éventail d’activités qui vont du colloque consacré à Sembene Ousmane aux projections de films, en passant par les formations au scénario, à la production ou encore au jeu d’acteurs.
Deux lieux situés d’ailleurs côte à côte, dans le centre-ville de Yaoundé, ont été choisis pour les projections cette année : la salle Sita Bella pour les séries et les webséries, et l’Institut français pour les courts et les longs métrages.
Des élèves d'une école primaire assistent à une projection de film à l'Institut français de Yaoundé, au Cameroun, le mercredi 18 octobre 2023.
« Les projections souffrent d’une communication souvent insuffisante et même parfois carrément absente. Mais lorsque les équipes du film communiquent, il y a quand même affluence. Autrement, le public se fait rare. », nous a confié Martial Ebenezer Nguéa, président de Cinepress, l’association camerounaise de journalistes et critiques de cinéma.
Dans l’ensemble cependant, les films diffusés depuis le début de cette 27ème édition sont plutôt de très bonne facture, souligne par ailleurs Martial Ebenezer Nguéa. Petite ombre au tableau toutefois, les horaires parfois tardifs de projection.