Cameroun : l'ancien directeur de la Cameroon Radio Television condamné à 12 ans de prison

Amadou Vamoulké, ancien directeur général de la radio-télévision publique camerounaise était en détention provisoire depuis six ans. Il vient d'être condamné le 21 décembre à 12 ans de prison ferme pour détournement de fonds publics. Une accusation démentie par ses défenseurs et par l'ONG Reporter sans frontières.
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Le journaliste camerounais Amadou Vamoulké avant la 16e audience de son procès devant le tribunal criminel spécial le 22 janvier 2019 à Yaoundé.
Le journaliste camerounais Amadou Vamoulké avant la 16e audience de son procès devant le tribunal criminel spécial le 22 janvier 2019 à Yaoundé.
 
© Photo RSF D.R.
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Amadou Vamoulké, ancien directeur général de la Cameroon Radio Television (CRTV), la radio-télévision publique camerounaise, a été reconnu coupable d'avoir perçu illégalement des frais de congés entre 2005 et 2006 à hauteur de 16 millions de francs CFA (environ 24.300 euros) et d'avoir versé, sans autorisation du conseil d'administration, des compléments de salaire au personnel du ministère des Finances affecté à la CRTV.

"L'accusé Amadou Vamoulké est condamné à 12 ans de prison ferme" pour "détournement de fonds publics", a prononcé le président de la cour, Édouard Awoung, tard dans la nuit après la lecture de la décision qui a duré plusieurs heures.

Cette peine prendra en compte les six années déjà passées en détention provisoire par Amadou Vamoulké, a précisé à l'AFP son avocate, Me Alice Nkom.

Une incarcération dénoncée par la journaliste Marie-Roger Biloa.
Âgé de 73 ans, Amadou Vamoulké, paré d'un boubou et d'un chapeau beige, est resté impassible à la lecture de la décision avant de repartir directement en détention, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Cette condamnation intervient en dehors des règles. Il y a eu un vice de procédure et toute la procédure aurait dû être annulée", a déclaré à l'AFP Me. Alice Nkom.

Arrêté en juillet 2016, M. Vamoulké a passé plus de six années en détention provisoire et son procès a connu 137 renvois.

"Avant même d'être condamné, Monsieur Amadou Vamoulké était déjà privé de sa liberté. Il y a des millions de violations des droits de l'homme dans ce procès (...) Le monde entier a vu qu'il était détenu de manière arbitraire", a lancé Me. Alice Nkom qui a indiqué à l'AFP son intention de faire appel.

"Jamais un journaliste arrêté au Cameroun n'est resté aussi longtemps en détention provisoire avant de se voir en plus condamné à une aussi lourde peine de prison. Les autorités (...) n'ont jamais présenté le moindre élément de preuve tangible", a réagi l'ONG Reporters sans frontières (RSF) qui demande l'abandon de toutes les charges et sa libération immédiate.

Amadou Vamoulké avait été nommé à la tête de la CRTV en 2005 avant d'être arrêté en juillet 2016. Il avait par la suite été inculpé et poursuivi pour détournement de fonds publics par le tribunal criminel spécial (TCS), une juridiction dédiée à la répression de la grande corruption.

En juillet 2021, RSF avait dénoncé une "infernale cabale judiciaire" et des accusations qui "ne reposent sur aucun élément sérieux". Le journaliste est, selon RSF, réputé pour son intégrité.

En 2020, l'ONU avait demandé sa libération. Le groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire estimait dans ses conclusions communiquées à RSF, et à l’État du Cameroun, que la détention provisoire de l’ex-directeur général de la CRTV Amadou Vamoulké n’a "pas de base légale" car elle va "au-delà de la limite maximale prescrite par la loi, et sans explication suffisante du caractère raisonnable et nécessaire de cette mesure."