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Cameroun : le journaliste Ahmed Abba bientôt fixé sur son sort

Détenu depuis presque deux ans, le journaliste camerounais est poursuivi pour "complicité" de terrorisme, le délibéré de son procès est attendu ce 24 avril. Il risque la peine de mort. 

Cela fait presque deux ans qu’Ahmed Abba est détenu. Le correspondant en langue haoussa de la radio publique française dans le nord du Cameroun a été arrêté le 30 juillet 2015 à Maroua et détenu en secret pendant trois mois. Le jeune homme de 40 ans a été “torturé dans les locaux de la Direction générale de la recherche extérieure” et ensuite transféré à Yaoundé où il a longtemps attendu son procès en clamant toujours son innocence.

La peine de mort a été requise le 6 avril dernier par le parquet du tribunal militaire de Yaoundé à son encontre. Le journaliste est accusé d’entretenir des liens avec Boko Haram alors que lui-même a été menacé par le groupe terroriste. Les chefs d’accusation sont les suivants : non-dénonciation d'actes de terrorisme, apologie et blanchiment. Sauf que l’accusation n’a pas pu prouver quoi que ce soit, selon les avocats du journaliste “qui ont littéralement déconstruit le dossier”.

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Ces derniers sont allés jusqu’à faire traduire tout son travail pour prouver que ces chefs d’accusation n’étaient pas fondés. La défense d’Ahmed Abba a donc demandé que les juges le déclarent “non coupable” et demandent son acquittement.
 

Si le journaliste se retrouve piégé dans un tel cauchemar c’est parce que fin 2014, une loi antiterroriste très controversée est entrée en vigueur au Cameroun. Celle-ci prévoit notamment la peine de mort pour les personnes reconnues coupables d'actes de terrorisme ou de complicité.

Depuis, des dizaines de personnes ont été condamnées à la peine capitale pour terrorisme. Le code pénal camerounais prévoyait déjà cette peine pour les coupables de meurtres et d’assassinats, mais aucune exécution n’a eu lieu depuis le milieu des années 1980.
 

“C’est un jeune homme qui est tout à fait perdu. Il ne sait pas ce qui lui arrive. Il ne sait pas ce qu’il fait. Quand il parle avec vous, vous sentez qu’il est ailleurs. Il se dit ‘Mais mon Dieu pourquoi moi?’ Et si vous n’êtes pas fort, vous ne pouvez pas ne pas fondre en larmes”, a raconté à l’AFP Maximilienne Ngo Mbe, Secrétaire exécutive du réseau des défenseurs des droits humains qui espère sa libération.

De son côté, la direction de RFI “ne peut douter que le jour du verdict sera celui où l'innocence d'Ahmed Abba sera reconnue, et qu'il sera aussi le dernier jour de son calvaire".