En juillet, la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) a rompu le contrat qui la liait au Coq sportif jusqu'en 2023. Une décision qui désespère les commerçants qui se retrouvent avec des stocks de maillots désormais invendables à moins d'un mois du premier match de poule. Et les nouveaux équipements de l'Américain One All Sports ne sont toujours pas arrivés.
Le visage fermé, Zobel Wansi accroche à contrecœur les maillots verts, jaunes et rouges du Cameroun de la marque Coq sportif dans sa boutique. Depuis le changement d'équipementier de l'équipe nationale de football, les tuniques des Lions Indomptables n'ont plus vraiment la cote.
Le commerce de Monsieur Wansi est presque entièrement voué aux Lions Indomptables qui affronteront le Brésil, la Serbie et la Suisse en phase de poules du Mondial-2022 (20 nov-18 déc).
"On a fait des stocks importants de maillots avant la Coupe du Monde" au Qatar, souffle le commerçant dans son échoppe située sur l'avenue commerçante Charles-de-Gaulle de Douala, où sont exposés des dizaines de maillots. Le quinquagénaire se demande s'il parviendra à
"en vendre un ou deux" dans la journée.
En juillet, la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) a rompu le contrat qui la liait au Coq sportif jusqu'en 2023, arguant que l'entreprise française n'avait pas respecté ses engagements de fournir des équipements pour toutes les catégories des sélections camerounaises et d'ouvrir des boutiques au Cameroun. Un mois plus tard, la FECAFOOT s'engageait officiellement avec un autre équipementier, l'américain One All Sports.
Mais à un mois de la Coupe du monde, les nouvelles tuniques ne sont visibles nulle part et aucun aperçu du nouveau maillot officiel n'a filtré alors que Zobel Wansi, père de quatre enfants, dit avoir vu passer son chiffre d'affaires quotidien de 100.000 francs CFA (152 euros) à moins de 20.000 (30 euros).
"Rupture abusive"
"Certains acheteurs se disent que les nouveaux maillots peuvent arriver à tout moment. Si le contrat avait été signé après la Coupe du Monde, ça nous aurait au moins permis d'écouler les stocks restants", regrette amèrement Thomas Djingo, un autre vendeur de maillots installé sur l'avenue.
Dans la boutique de référence d'équipements sportifs à Yaoundé, City Sport, les maillots verts des Lions Indomptables griffés Le Coq sportif attendent comme ailleurs de trouver preneur. Dans ce commerce pratiquement désert, la responsable qui a requis l'anonymat reste dubitative quant au changement d'équipementier:
"est-ce que c'est confirmé ?", ironise-t-elle.
Et pour cause, la marque au Coq n'est pas restée inactive après la décision de la FECAFOOT de rompre son contrat. L'équipementier a porté plainte devant la justice française pour
"rupture abusive du contrat" et
"attend sereinement les décisions qui y seront prises", a indiqué, sans plus de détails sur le fond du contentieux, le Coq Sportif dans un communiqué le 27 septembre.
Imperméable à la polémique, Boris Essomba, jeune supporter de l'équipe camerounaise, arbore fièrement l'ensemble maillot et short des Lions Indomptables confectionné par le Coq sportif:
"Le plus important, c'est les couleurs", assure-t-il entre deux gorgées de bière dans un bar de Yaoundé.
Contourner la contrefaçon
Avec ce changement d'équipementier, la Fédération camerounaise veut
"pouvoir tirer un meilleur profit de la vente des répliques des maillots des Lions Indomptables", analyse Bouba Kaélé, spécialiste en marketing.
Après la signature du contrat avec One All Sports, la FECAFOOT a lancé début septembre un appel d'offres
"à l'attention des entrepreneurs souhaitant commercialiser le maillot des Lions Indomptables sur le territoire national" et souligné qu'elle serait attentive à la
"stratégie de limitation de la contrefaçon" des distributeurs sélectionnés.
"L'idée est de contourner la contrefaçon en contrôlant le circuit de distribution des maillots au Cameroun, ce qui n'a jamais été le cas par le passé", a indiqué à l'AFP un responsable de la fédération qui a requis l'anonymat.
Les maillots contrefaits de l'équipe nationale de football du Cameroun constituent l'essentiel du marché même s'il est impossible à évaluer. Les produits
"sont généralement importés parmi d'autres articles de Chine, de Turquie ou de Hong Kong sous l'appellation 'articles divers d'habillement' " qui compliquent les contrôles, justifie un fonctionnaire des douanes également sous couvert d'anonymat.
Trois distributeurs officiels seront retenus à l'issue du processus de sélection mis en place par la fédération qui devraient exclure les petits commerçants comme Zobel Wansi du circuit de vente des maillots de l'équipe nationale de football du Cameroun.