Une explosion de décibels sur la piste de danse, dans la moiteur d’une nuit chaude…
Une scène encore inimaginable, il y a quelques mois au Pont-Vert, un des quartiers les plus animés de Maroua. Sur la piste, musique à fond, alcool à gogo et des prostituées sur le retour…Ici, les noctambules semblent avoir oublié la terreur djihadiste qui a frappé la ville le 25 juillet 2015.
Ce soir-là, une attaque terroriste attribuée à BokoHaram tuent 20 personnes non loin d’ici. Cheedi, vendeur de viande braisée est l’un des rares survivants de cet attentat… Il en porte encore les séquelles…
« C’est ici que ça s’est passé. On a entendu une grande explosion qui touché beaucoup de personnes et les gens ont commencé à fuir dans tous les sens.
Il y’avait beaucoup de personnes et tout était dans le noir. Voici les cicatrices, tu as vu ça, tu as vu ça, tu as vu ça et il y’a des endroits où je ne peux pas vous montrer », raconte Cheedi, un commerçant.
L’attaque qui a traumatisé la ville et le pays a eu lieu dans cette rue du quartier. Longtemps désertée, elle a retrouvé sa vie d’antan et ses terrasses de bar. Fini le temps du couvre-feu et de l’interdiction totale de circulation des deux roues utilisés à l’époque par les kamikazes.
A la terrasse des bars, les riverains comme Thimothée savourent la liberté de mouvement retrouvée…
« La vie a repris normalement. Chacun vaque à ses occupations et on prend notre bière sans problème après qu’il y’ait eu la bombe ici. Et vous voyez l’ambiance. S’il y’avait la peur, on ne serait pas ici », observe Tsegue Timothée, un riverain.
Même si les forces de sécurité restent discrètes, la vigilance reste de mise, notamment dans les lieux de grand rassemblement comme au marché.
Un marché frappé lui aussi par un attentat qui avait fait une dizaine de morts ici, paralysant l’activité économique. Aujourd’hui, les affaires ont repris, au grand soulagement de Salaoudine commerçant ici depuis sept ans.
« Ça va mieux puisqu’on est même avec les gens du BIR, les gens en tenue au marché. Ce sont eux qui viennent nous soulager et nous dire que non on maitrise la situation. Avant quand même, on gagnait un peu mais maintenant c’est pas facile », Salaoudine Aboubakar, un commerçant.
Maroua, autrefois grand carrefour sur la route commerciale entre le Cameroun, le Tchad et le Nigeria entrevoient la relance de son économie. Même si la relative accalmie observée jusqu’ici reste très précaire.