Cameroun : un séparatiste anglophone arrêté, les villageois de Tadu au milieu des combats

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Le Cameroun confirme avoir extradé lundi 29 janvier 2018, le séparatiste anglophone Sisiku Ayuk Tabé et 46 de ses camarades. Une annonce bien loin des préoccupations des habitants de Tadu qui subissent de plein fouet les opérations musclées de l'armée contre les séparatistes en zone anglophone.
C'est une sorte d'expédition punitive. Ces villageois avaient tout abandonné dans leur fuite, par crainte de l'armée camerounaise. De retour chez eux à Tadu, ils n'en reviennent pas : vitres cassés, portes défoncées, et à l'intérieur, tout est sans dessus-dessous. Leur village est entièrement mis à sac. M. Adamu, commerçant, explique : «Ils ont tout saccagé, ouvert les sacs de riz, de sel, d'engrais et mélangé ! Qe vais je faire avec ? C'est ça leur travail ?! C'est ça que le gouvernement leur a demandé de faire ? C'est une décision de l'armée ? »

Officiellement, l'armée camerounaise intervient dans cette région de Kumbo après le meurtre d'un gendarme par des séparatistes présumés. Mais rien n'a été épargné au millier d'habitants vivant ici. Même pas leurs récoltes de maïs, détruites sur place. Une politique de la terre brûlée dans le Cameroun anglophone. Adamu raconte : « Je ne sais plus quoi dire, je suis choqué. Je me demande si c'est moi qui ai tué le gendarme ou s'il cherchait le coupable dans ma maison. »

Le gouvernement camerounais n'est plus vraiment écouté ici. Plus d'un an de crise déjà, à Bamenda, bastion anglophone, et toujours pas de dialogue en vue. Au contraire, les autorités annoncent l'extradition du Nigeria voisin de 47 séparatistes anglophones camerounais, dont leur chef Sisiku Ayuk Tabe.

John Terence, un habitant de Bamenda, explique : « Leur extradition n'est pas la solution à nos problèmes à Bamenda. Ces gens sont comme des étrangers. En fait ce n'est pas eux qui font des tracts, qui organisent les villes mortes... Eux, ils se battent à l'exterieur, et nous, nous le faisons ici. »

Ces populations anglophones du Cameroun rejettent le choix des armes mais elles n'abandonnent en aucun cas leurs revendications politiques.