Fil d'Ariane
Le choc était attendu et il a tenu ses promesses en termes d’intensité, d’engagement et de rythme. Dans une ferveur populaire qui tranche avec les stades vides lors de la plupart des matchs de cette compétition, exceptés ceux de l’Egypte, les deux équipes se jettent dans la bataille sans la moindre réserve.
Dès le début de la rencontre, les Algériens se montrent bien plus déterminés que leurs adversaires. Et après une minute et vingt secondes seulement, à la suite d’une récupération haute, Ismaël Bennacer sert merveilleusement son coéquipier Baghdad Bounedjah qui frappe de loin ; le ballon est contré par le défenseur sénégalais Salif Sané et trompe en bout de course son gardien Alfred Gomis. Un but très heureux, qui permet aux Fennecs de mener au score, un but à zéro.
Galvanisés par cet avantage, les Algériens jouent haut, pressent les Sénégalais et les empêchent de construire le jeu à leur guise. La star sénégalaise Sadio Mané se rebiffe alors et tente de sonner la révolte, en vain. Les Fennecs sont plus agressifs et gagnent la plupart des duels auxquels ils sont confrontés. Malgré tout, les Lions de la Teranga résistent et se montrent parfois dangereux, comme avec Ismaïla Sarr qui, à chacune de ses prises de balle, oblige les Algériens à commettre des fautes.
Dans le stade, l’ambiance monte d’un cran et les supporters algériens chambrent leurs camarades sénégalais en criant « oooooooooléééé » à chaque passe entre les Fennecs. Sur le terrain, l’engagement des vingt-deux acteurs est total. Coéquipiers en club au Stade rennais où ils évoluent tous les trois, l’Algérien Ramy Bensebaini comme les Sénégalais Ismaïla Sarr et M’Baye Niang, ne se font pourtant aucun cadeau.
A la 21ème minute, à la suite d’un coup franc tiré par le Sénégalais Henri Saivet, ça se frictionne sérieusement dans la surface sans que l’arbitre n’intervienne. Au fil des minutes, les Lions de la Teranga poussent et les Fennecs défendent quasiment tous dans leur camp. A la 28ème minute, à la suite d’une nouvelle faute algérienne, Henri Saivet se charge d’un coup franc bien placé, qui ne parvient pas à tromper Raïs M’Bolhi, le gardien de but algérien.
Après une demi-heure de jeu, le match est toujours aussi engagé, tendu, mais la qualité de jeu laisse à désirer. A l’évidence, les enjeux semblent avoir pris le pas sur le jeu. A la 38ème minute, l’attaquant sénégalais M’Baye Niang hérite d’un bon ballon à vingt-cinq mètres des buts algériens; il décoche une frappe magnifique qui passe légèrement au-dessus de la barre transversale. C’est la première grosse occasion du Sénégal. Les Lions de la Teranga finissent la rencontre mieux qu’ils ne l’avaient débuté.
Malheureusement, le match est haché, les Fennecs multiplient les fautes et l’arbitre camerounais Alioum Alioum doit déployer tout le tact nécessaire afin d'éviter que la situation ne dégénère. A la 45ème minute, Ismaïla Sarr s’écroule dans la surface, à la suite d’un contact avec le défenseur algérien Mehdi Zeffane. L’arbitre ne bronche pas, rendant furieux les Sénégalais qui réclamaient un pénalty. Il en profite d’ailleurs pour siffler la fin de cette première période. Malheureusement, même en regagnant les vestiaires la tension ne retombe pas, et les esprits s’échauffent à nouveau.
La seconde période repart sur les mêmes bases que la première : beaucoup d’engagement et d’intensité, mais aussi de nombreuses fautes de part et d’autre. Les joueurs semblent toujours pris par l’enjeu du match. Et malgré leur engagement, ils manquent de spontanéité et de justesse dans leurs gestes techniques. En effet, si le rythme et l’intensité sont toujours présents, la qualité de jeu elle laisse toujours autant à désirer.
Menés au score, les Sénégalais sont obligés d’attaquer pour espérer revenir dans la partie. A la 51ème minute, Sadio Mané part en contre et décale son coéquipier M’Baye Niang, qui rate son contrôle dans la surface et se fait déposséder du ballon. Les Sénégalais se montrent de plus en plus dangereux, mais la défense algérienne tient le choc.
A l’heure de jeu, Ismaïla Sarr déborde sur son côté droit avant de centrer en retrait; le ballon est contré par le bras du défenseur algérien Adlène Guedioura. Sans hésiter, l’arbitre montre le point de pénalty. Mais après consultation de la VAR, l’assistance vidéo à l’arbitrage, il annule sa décision, au grand dam des Sénégalais qui se voyaient déjà revenir au score.
Cinq minutes après cette désillusion, les Sénégalais sont à nouveau à l’abordage. Bien lancé par Lamine Gassama, M’Baye Niang devance le gardien algérien Raïs M’Bolhi, mais ne parvient pas à redresser sa frappe qui passe à côté du cadre. A la 68ème minute, c’est le latéral gauche sénégalais Youssouf Sabaly qui se retrouve à l’entrée de la surface adverse, d’où il décoche une frappe tendue que dévie magnifiquement Raïs M’Bolhi.
A l’évidence, les Lions de la Teranga sont dans un gros temps fort. Ils peinent cependant à concrétiser leurs occasions. A la 76ème minute, leur entraîneur Aliou Cissé tente d’accentuer cette dynamique en remplaçant le milieu de terrain Henri Saivet par un attaquant supplémentaire, Mbaye Diagne. Sept minutes après ce changement, Ismaïla Sarr se retrouve seul à la retombée du ballon, à dix mètres environ des buts adverses. Malheureusement, l’attaquant sénégalais frappe très au-dessus de la barre transversale.
La fin du temps règlementaire approche, et les Algériens multiplient les petites fautes afin de casser le rythme de la rencontre. Après quatre minutes de temps additionnel, l’arbitre camerounais Alioum Alioum siffle la fin du match. L’Algérie est championne d’Afrique. Une victoire qu’elle attendait depuis son premier sacre continental, en 1990, à domicile, face au Nigeria, sur un score identique à celui de cette 32ème édition : un but à zéro.
Au micro de nos confrères de la chaîne BeIN Sport, le gardien de but algérien Raïs M’Bolhi déclare : « C’est incroyable, c’est la victoire de tout un pays. Tout au long du tournoi, on a montré nos valeurs. On s’est battu comme des hommes. On a été récompensés. »