CAN 2021 : la CAF exige une enquête sur la bousculade mortelle du stade Olembé

Porte principale fermée, protocole de sécurité flou, nouvelle enceinte... Quelles sont les causes de la bousculade mortelle du stade Olembé au Cameroun ce lundi 24 janvier ? La Confédération africaine de football (CAF) tape du poing sur la table. Elle exige un rapport détaillé du Cameroun sur les circonstances du drame. Celui-ci doit être rendu le vendredi 28 janvier. En attendant, le quart de final du dimanche 30 janvier prévu dans l'enceinte a été délocalisé dans un autre stade de Yaoundé.
Image
Barrière - entrée du stade Olembé
Une des portes d'entrée restée fermée serait responsable de la bousculade mortelle ayant eu lieu avant le match Cameroun-Comores, lors de la Coupe d'Afrique des nations (CAN), ce lundi 24 janvier, devant le stade Olembé, au Cameroun.
Images AFP Vidéo
Partager5 minutes de lecture

Le quart de final de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) aura finalement lieu dans le second stade de la capitale camerounaise, le stade Ahmadou Ahidjo. Cette décision fait suite la bousculade qui a fait huit morts à l'entrée du grand stade d'Olembé de Yaoundé.

La Confédération africaine de football (CAF) exige du Cameroun, pays organisateur, une enquête approfondie. C’est ce qu’a déclaré le président de la CAF, Patrice Motsepe. "Il faut mettre en place une commission pour enquêter immédiatement sur ce qui s'est passé et pour savoir qui n'a pas rempli des obligations. Nous voulons leur rapport d'ici à vendredi (...). " Que s'est-il réellement passé ? À qui la faute ? 

Une porte fermée par un responsable

Difficile encore de conclure avec certitude sur les faits. Une porte fermée à l'entrée du stade  serait à l'origine du drame. Cette décision est jugée comme "inexplicable" par le président de la CAF. "Si cette porte avait été ouverte comme elle aurait dû l'être, cet événement tragique n’aurait pas eu lieu. Qui a fermé cette porte ? Qui est responsable de cette porte ?"

À (re)voir : CAN 2021 : huit morts dans une bousculade en marge du match Cameroun-Comores
TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...
Revenons-en aux faits. Le pays hôte, le Cameroun, s'apprête à jouer son 8e de finale contre les Comores au grand stade d'Olembé de la capitale ce lundi 24 janvier. Comme pour la plupart des rencontres de la sélection nationale, des milliers de supporters sont massés devant le complexe sportif. Certains sont munis d'un billet, d'autres non. Tous espèrent rentrer tant bien que mal. La porte d’entrée est à ce moment-là fermée, selon plusieurs témoignages rapportés à l’AFP.
 
La foule, elle, devient difficile à gérer, selon André Djoko, un témoin de la scène. "Les gendarmes nous demandaient de nous mettre en rang. Mais il y avait des indisciplinés qui criaient : "Poussez, poussez"."

Une bousculade au moment de l'ouverture de la porte 

Soudain, la police ouvre les portes. Les premiers tombent à terre, d'autres leur marchent dessus pour passer, d'autres montent sur la barrière pour fuir le chaos, décrit Stéphane, un autre témoin de la scène et supporter du Cameroun. "Ceux de devant disaient : « Vous êtes en train d'écraser des personnes » mais ils n'écoutaient pas." Stéphane se retrouve lui-même écrasé contre une femme qui crie à l’agonie. "À un moment, l'entrée a cédé et j'ai pu passer, c'était un chaos terrible." Les forces de sécurité et du personnel sanitaire sont dépassés par les événements. C’est la panique.

Là, j'ai vu le courage des Camerounais. J'ai vu des gens en réanimer d'autres, d'autres faire du bouche-à-bouche. Sinon on aurait dénombré plus de morts.

André Omgbwa Eballe, directeur de l'hôpital du district d'Olembé et témoin de la bousculade

À ce moment-là, le professeur André Omgbwa Eballe, directeur de l'hôpital du district d'Olembé, se trouve devant la porte Sud. Il rejoint rapidement son établissement pour soigner les dizaines de blessés. "C'était un afflux incroyable, je n'avais jamais vu autant de monde devant ce stade", témoigne le médecin au micro de l'AFPTV. "Là, j'ai vu le courage des Camerounais. C'était vraiment de la débrouillardise, j'ai vu des gens en réanimer d'autres, d'autres faire du bouche-à-bouche. Sinon on aurait dénombré plus de morts", raconte le professeur.

Un stade aux normes, un protocole de sécurité flou

Compliqué d'imaginer que le stade n'était pas en capacité d'accueillir tous ces supporters présents ce jour-là. L’édifice de 60 000 places est le plus grand stade du pays et a été spécialement construit pour la CAN. Autre fait marquant : le stade n'était même pas rempli à son niveau maximal. En effet, pour éviter la propagation du coronavirus, la jauge de fréquentation des stades est limitée à 60% en temps normal et à 80% lorsque les Camerounais jouent. 
Cameroun stade Olembe Yaounde
Le tout nouveau stade Olembe de Yaoundé accueillera notamment le match d'ouverture et la finale de la Coupe d'Afrique des nations.
© TV5MONDE
Le protocole de sécurité a-t-il été lui bien respecté ? Il prévoit notamment trois rangées de contrôle. Un alignement de barnums pour la vérification des pass sanitaires, un autre pour les fouilles de sécurité et un troisième avec des grilles de deux mètres cinquante de haut pour la vérification des billets.
 
Le président camerounais Paul Biya a ordonné une enquête "afin que toute la lumière soit faite sur cet incident tragique." Le gouvernement appelle une fois de plus les Camerounais "au sens des responsabilités, à la discipline et au civisme de tous pour la réussite totale de cette grande fête sportive." En attendant, la compétition est en deuil. 

Minute de silence et match déplacés

Les équipes présentes sur la pelouse pour la suite des 8e de finale ont observé une minute de silence ce mardi 25 janvier avant le match Sénégal-Cap-Vert et celui Maroc-Malawi au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé.

 Un message "Nos condoléances à toutes les familles" signé par la CAF a été également aussi diffusé sur les écrans publicitaires.
 
 

Quant aux matchs de ce week-end, ils n'auront pas lieu à Olembé, comme le prévoyait le planning de la compétition. Le la Coupe d'Afrique quart de finale  des nations (CAN) est déplacé dans le second stade de la capitale camerounaise, au stade Ahmadou Ahidjo.

Le drame, qui a fait huit morts, dont un enfant et deux femmes, et 38 blessés, dont sept grièvement, n’est pas le premier de l'histoire du football africain. En 2017, huit personnes avaient été tuées et des centaines blessées dans un mouvement de foule au stade Demba Diop de Dakar, après des échauffourées entre supporteurs lors de la finale de la Coupe de la Ligue.