Fil d'Ariane
Passés comme derniers rescapés en huitième de finale, les Ivoiriens comptent sur l'énergie des survivants pour renverser le Sénégal, tenant du titre et favori de la CAN.
Les joueurs de la Côte d'Ivoire avant le match d'ouverture contre la Guinée-Bissau le 13 janvier dernier.
"Cette résurrection, cette qualification, elle vient vraiment de loin", admet le tout nouveau sélectionneur, Emerse Faé, ancien adjoint promu numéro 1 après la mise à l'écart de Jean-Louis Gasset sur les cendres de la raclée contre la Guinée Équatoriale (4-0).
"C'est une deuxième chance que Dieu nous donne, on n'a pas le droit de ne pas la jouer à fond", ajoute le jeune technicien (40 ans).
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Tout oppose pourtant les deux adversaires. Les "Éléphants" sont passés par un trou de souris, 16e qualifiés, quatrièmes du classement des meilleurs troisièmes qui ne permettait de repêcher que quatre équipes, alors que les Sénégalais sont la seule équipe à avoir fait le plein de points en poules.
Les Lions avancent plein de certitudes, ils ont maîtrisé leurs trois adversaires, la Gambie (3-0), le Cameroun (3-1) et la Guinée (2-0).
La Côte d'Ivoire n'a battu que la modeste Guinée-Bissau (2-0), qui n'a encore jamais gagné un match en trois CAN, et a passé "deux jours très, très difficiles sur les plans émotionnels et mental", révèle Faé, en attendant d'avoir son ticket pour les huitièmes.
"Ca été difficile de travailler, il fallait panser les plaies du 4-0 et prier pour se qualifier, sachant que ça ne dépendait plus de nous. On a eu la délivrance mercredi soir quand le Maroc a battu la Zambie", faisant des "Chipolopolo" (Balles de cuivre) de pires troisièmes que les Éléphants, et donc éliminés.
Emerse Faé, nouveau sélectionneur des Élephants.
Le Sénégal, qualifié dès le deuxième match, n'a pas eu ce stress. Autre net avantage, les "Lions" ont le plus bel effectif du plateau avec le Maroc, avec des joueurs sur le banc qui feraient le bonheur de n'importe quelle sélection africaine, comme Idrissa Gana Gueye, Iliman Ndiaye ou Nicolas Jackson.
Les Ivoiriens ont été lâchés par leurs stars. "Ce serait inadmissible que les attitudes ne changent pas alors qu'on revient de si loin", prévient Emerse Faé. "Je veux retrouver mes vrais Éléphants!"
Une autre clef du match joue en faveur des tenants du titre: Le Sénégal travaille depuis neuf ans avec le même technicien, quand la Côte d'Ivoire aborde ce choc avec un grand débutant.
Sa Fédération (FIF) ne lui a pas facilité la tâche en essayant de faire venir Hervé Renard. Bien plus chevronné, vainqueur de la CAN 2015 avec la Côte d'Ivoire, en plus de celle de 2012 avec la Zambie, le sélectionneur de l'équipe de France féminine n'a pas été autorisé à laisser les Bleues pour quelques jours.
"J'avais d'autres choses à penser que de savoir si Pierre, Paul ou Jacques allait venir prendre ma place", balaie Faé, qui ne voulait "pas laisser le train passer" et se dit "ambitieux".
"Et contrairement à ce que les gens peuvent croire, je n'ai pas eu que trois jours pour préparer le match, le fait que je connais le groupe me fait gagner pas mal de temps", ajoute-t-il.
Bref, tout penche en faveur du Sénégal, sauf le public. Le stade sera à 95% orange. Ces derniers jours, les trois points de vente de billets à Yamoussoukro, la Fondation Houphouët, La Poste et la Préfecture, ont été pris d'assaut.
Et puis "nos 9 points, tout ça, c'est le passé", met en garde Aliou Cissé. "Les phases de groupes c'est terminé, c'est une nouvelle compétition qui commence. Si par malheur ça se passait mal demain (lundi 29 janvier), tous ces lauriers, ces belles choses qu'on nous dit, ce serait le retour sur terre".
Le coach sénégalais a quand même terminé sur une pirouette, devant les journalistes qui lui rappelaient que les Éléphants étaient venus remporter leur première CAN à Dakar.
"Les Ivoiriens sont nos frères, ils comprendront que ce qu'on leur a prêté en 1992, il faudra qu'ils nous le rendent demain", a-t-il souri.