Fil d'Ariane
L'équipe du Nigeria s'estime victime de "traitement inhumain" depuis sont arrivée en Libye où elle doit disputer le 15 octobre son match de qualification pour la CAN-2025. L'équipe des Super Eagles a été envoyé dans un aéroport loin de tout et laissée 13 heures dans un terminal désaffecté.
William Troost-Ekong, le capitaine des Super Eagles, marquant un but lors de la demi-finale de la CAN entre le Nigeria et l'Afrique du Sud, au Stade de la Paix de Bouaké, en Côte d'Ivoire, le 7 février 2024.
Les images partagées sur les réseaux sociaux par le capitaine de la sélection nigériane ont vite fait le tour du monde du football. On voit les joueurs dormir sur les sièges d'un terminal désaffecté.
L'avion affrêté pour les Super Eagles a atterri dans un aéroport de l'est de la Libye, à trois heures de Benghazi, et, selon la Fédération nigeriane de football (NFF), l'équipe y est retenue depuis le 13 octobre. L'ambassade du Nigeria n'a pas pu intervenir, d'après cette même fédération. Elle a ajouté que l'équipe devait être rapatriée dans la journée du 14, et qu'une plainte officielle avait été transmise à la Confédération africaine (CAF).
Réagissant à cette polémique, la Fédération libyenne a de son côté évoqué dans un communiqué publié sur X un simple "malentendu", expliquant que le vol avait dû être dérouté vers un autre aéroport que celui prévu, "comme cela arrive parfois dans le monde entier".
"Nous espérons que ce malentendu puisse être résolu avec compréhension et bonne volonté", a-t-elle ajouté, tout en critiquant les conditions d'accueil auxquelles sa sélection a elle-même eu droit au Nigeria la semaine passée.
Auparavant, le capitaine du Nigeria William Troost-Ekong avait toutefois affirmé que sa sélection ne ferait pas le trajet de trois heures en bus entre Al-Abraq, où elle a finalement atterri, et Benina, en banlieue de Benghazi, et ne disputerait donc pas le match, en évoquant des questions de sécurité. "En tant que capitaine de l'équipe et avec l'équipe, nous avons décidé de ne PAS jouer", a-t-il posté sur les réseaux sociaux. "Laissons-leur les points." "Nous n'accepterons pas de voyager par la route ici, même avec la sécurité, ce n'est pas sûr. Nous ne pouvons qu'imaginer ce que serait l'hôtel ou la nourriture qu'on nous offrirait", a-t-il argué.
Victor Boniface, l'avant-centre du Bayer Leverkusen, a aussi partagé son désarroi.
"Bloqués depuis bientôt 13 heures pas de nourriture, pas de wi-fi, pas d'endroit où dormir, on peut faire mieux @caf", a écrit en matinée sur X l'attaquant international à l'attention de la CAF.
"Ca devient flippant... Nous voulons juste rentrer dans notre pays", a-t-il ajouté quelques heures plus tard.
L'ancienne star du foot nigérian Victor Ikpeba, qui accompagne l'équipe, a appelé à des sanctions sévères contre la Libye. "C'est un pays à haut risque et on se demande vraiment qui a approuvé le fait que la Libye joue ses matches à domicile", a-t-il déclaré. "L'équipe n'est pas en sécurité et ceux d'entre nous qui voyagent avec elle ne sont pas en sécurité non plus", a continué l'ancien attaquant de Monaco.
Le Nigeria, en tête du groupe D avec sept points en trois matches, a battu vendredi la Libye (1-0) à domicile. Les Libyens sont derniers du classement avec un seul point.
La Libye, en proie au chaos depuis plus d'une décennie, est divisée entre deux pouvoirs rivaux: celui reconnu par l'ONU d'Abdelhamid Dbeibah installé à Tripoli (nord-ouest), et un autre dans le nord-est, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar.