Klaxons, cris, danses... La Côte d'Ivoire a vécu une nuit de folie après la victoire dimanche de ses Eléphants en finale de la Coupe d’Afrique des Nations, 23 ans après leur dernier sacre continental. A Abidjan, des grappes de supporteurs ivres de joie hurlaient à chaque coin de rue au passage des voitures, dont beaucoup étaient ornées du drapeau national. "La malédiction est enfin terminée ! Les rois de l’Afrique, ce soir, ce sont les Ivoiriens", s'enthousiasmait Alexandre, un étudiant venu comme plus d’un millier d’Abidjanais suivre le match sur les écrans géants du campus de l’université de Cocody (nord).
"L’histoire s’est répétée. Comme en 1992, nous avons battu le Ghana aux tirs au but. Maintenant nous avons une deuxième étoile sur le maillot. C’est l’un des plus beaux jours de ma vie", se réjouissait Moussa, aux joues peintes en orange, vert et blanc, les couleurs ivoiriennes. Embrassades, courses furieuses, danses frénétiques : l'ambiance a viré à l'hystérie quand Coppa Barry, le gardien des Eléphants, a marqué au terme d'une séance de tirs au but interminable, offrant le sacre à la Côte d’Ivoire (0-0, 9 à 8 aux tirs au but). "Coppa ! Coppa !", scandait la foule quelques minutes plus tard, pendant que le gardien soulevait le trophée, rendant hommage à son héros.
"On a gagné la Coupe du monde", observait mystérieusement la petite Adi, 11 ans, sourires jusqu'aux oreilles et pieds nus devant un maquis (bar extérieur) de la capitale économique ivoirienne. "On a pleuré pendant des années mais on mérite cette Coupe. Aujourd’hui on est tous derrière cette équipe : c’est l’union nationale", souriait Ahmed.
Cette union nationale, la Côte d'Ivoire en a cruellement manqué, après une décennie de crise politico-militaire, dont les violences post-électorales de 2010-2011, qui ont fait plus de 3000 morts, ont constitué l'épilogue. Les Eléphants, bombardés instruments d'unité nationale alors que leur pays était coupé en deux de 2002 à 2011, ont longtemps failli à remplir leur mission. Jusqu'à ce dimanche de rêve.
"La Côte d'Ivoire est réconciliée ce soir. On n'a pas besoin des politiciens pour nous réconcilier. Les Eléphants l'ont fait !", commentait Mamadou Soro, un inspecteur d'éducation, depuis Bouaké (centre), deuxième ville du pays, où les motos en parade croisaient des habitants extatiques, souvent torses nus.
Une équipe formidable et un entraîneur hors pair
Le président Alassane Ouattara
Le régime ivoirien, le président Alassane Ouattara en tête, cherchera à surfer sur l'euphorie de la victoire, à neuf mois de la présidentielle d'octobre 2015. Son parti, le Rassemblement des républicains (RDR) a mis quelques minutes à peine pour saluer dans un communiqué dithyrambique le "brio" de ses champions. Trop vite peut-être, puisqu'il s'est trompé sur le lieu de leurs exploits, confondant la "Guinée Bissau" avec la Guinée équatoriale, où le tournoi a effectivement eu lieu. "On a une équipe formidable et un entraîneur hors pair. Cette équipe a été cohérente et solidaire. Bravo à eux !" a félicité le président Ouattara sur les antennes de la télévision nationale, avant d'appeler les Ivoiriens à accueillir lundi matin leurs idoles au stade Félix Houphouët-Boigny, l'enceinte nationale. D'ici là, la Côte d'Ivoire devrait avoir du mal à trouver le sommeil. "La fête va durer toute la nuit ! C’est un moment historique", affirmait une étudiante, qui ajoute : "Je n’étais même pas née en 1992", jusqu'alors l'année de l'unique victoire des Eléphants à la CAN.
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