Cédéao : quelle réaction des chefs d'Etat ouest-africains après le coup d'Etat en Guinée ?

Faut-il sanctionner les auteurs d'un coup d'Etat alors qu'il apparaît populaire à une grande partie de la population ? Tel est le dilemme auquel fait face ce jeudi 16 septembre la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Onze jours après le putsch des forces spéciales guinéennes et la chute d'Alpha Condé, l'organisation sous-régionale doit trouver le point d'équilibre entre crédiblité et popularité.
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Des militaires guinéens en patrouille à Conakry, 10 septembre 2021 (AP)
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Les dirigeants de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) étaient réunis jeudi en sommet extraordinaire pour décider d'éventuelles mesures visant à ramener la Guinée à un régime constitutionnel après le renversement du président guinéen Alpha Condé par un coup d'Etat le 5 septembre.

La Cédéao a déjà suspendu la Guinée la semaine dernière après le putsch qui a chassé du pouvoir Alpha Condé, 83 ans, qualifiant son éviction de "violation manifeste" de la charte régionale du bloc ouest-africain. 

Il appartient maintenant aux chefs d'Etat de prendre des décisions sérieuses sur la Guinée, sur ce qu'ils veulent voir dans les prochains mois, que ce soit un mois, six mois ou douze mois, sur la manière dont ils veulent voir la transition et sur la durée de celle-ci

Shirley Ayorkor Botchwey, ministre ghanéenne des Affaires étrangères

Une délégation des 15 membres de la Cédéao a été envoyée à Conakry pour rencontrer le chef de la junte militaire, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, rendre visite à M. Condé et exiger une transition dirigée par des civils.

"Nous sommes tenus de prendre des décisions éclairées sur ces questions", a déclaré le président ghanéen Nana Akufo-Addo, qui est le président en exercice de la Cédéao, à l'ouverture du sommet à Accra. 

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"Je compte sur vous, Excellences, pour aider à proposer des solutions durables à la crise", a-t-il dit.

La ministre ghanéenne des Affaires étrangères Shirley Ayorkor Botchwey, qui a dirigé la mission à Conakry, a déclaré mercredi que les putschistes guinéens ne sont probablement pas encore en mesure de donner un calendrier pour le retour à un régime démocratique.

"Il appartient maintenant aux chefs d'Etat de prendre des décisions sérieuses sur la Guinée, sur ce qu'ils veulent voir dans les prochains mois, que ce soit un mois, six mois ou douze mois, sur la manière dont ils veulent voir la transition et sur la durée de celle-ci", a-t-elle déclaré. 

"Je ne dis pas que des sanctions seront appliquées mais cela peut arriver", a déclaré Mme Botchwey. Les chefs d'Etat (...) examineront l'ensemble de la situation, puis prendront des décisions sur ce qu'ils feront (...) pour faire pression sur les putschistes, les militaires, pour ramener leur pays à un régime constitutionnel. "

Le coup d'Etat en Guinée a suscité des craintes de recul de la démocratie dans toute l'Afrique de l'Ouest et a établi des parallèles avec le Mali, qui a connu deux soulèvements de l'armée depuis août de l'année dernière. 

La Cédéao a imposé des sanctions économiques au Mali l'année dernière, mais les a levées après que les militaires au pouvoir se sont engagés à rétablir un régime civil.