Selon un rapport du Service européen d’action extérieure de l'Union européenne la société de mercenaires russes Wagner contrôlerait des unités de l'armée centrafricaine pourtant formées par des instructeurs de l'Union européenne.
L'agence de mercenaires russes Wagner "
dirige ou supervise la pupart des troupes centrafricaines" selon un rapport du Service européen d’action extérieure auquel nos confrères de
RFI et
Le Monde ont eu accès.
Le septième bataillon centrafricain d’infanterie territoriale, formé par l'Union européenne, serait quant à lui "
entièrement sous la coupe de Wagner". Cette agence de mercenaires — sans existence légale — est accusée de travailler pour le Kremlin dans plusieurs pays d'Afrique.
Le rapport de la diplomatie européenne qui met en cause le groupe Wagner — nommé RU/WG par les rapporteurs européens —, souligne d'ailleurs des liens étroits entre une partie de l’état-major des armées centrafricaines et des responsables politiques russes.
Le groupe Wagner compterait
"plusieurs centaines de membres" en République centrafricaine, tandis que 2 600 "personnels militaires" russes y seraient aussi présents, toujours selon le rapport.
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Le document européen met en cause les mercenaires de l'agence Wagner pour "de graves violations des droits humains" et s'inquiète que ces exactions puissent "accroître les divisions au sein de la population et des unités des forces armées déployées sur le terrain, et engendrer une plus grande instabilité".
Du côté des troupes centrafricaines sous contrôle de Wagner, les accusations de la diplomatie européenne sont plus précises : "des assassinats arbitraires, des viols, des actes de torture, des prélèvements de taxes illégales et des confiscations de biens".
Bruxelles est "de plus en plus alarmée par la situation en Centrafique et le rôle de Wagner", a déclaré Nabila Massrali, porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. L’état-major de l’UE a appelé officiellement au départ des troupes russes en juillet 2021, suite à plusieurs enquêtes de l'ONU.
C'est dans ce contexte que les eurodéputés ont plaidé il y a 15 jours pour l’adoption rapide de sanctions contre ceux qui recourent au service de mercenaires, en Centrafrique, au Mali et au Soudan. Pour l'heure les débats continuent.
Abandon de l'UE ou sanctions ?
Ce document du Service européen d’action extérieure souligne "
l’intensification de la présence russe dans presque tous les domaines du gouvernement" en Centrafrique, ainsi que "
son implication économique dans les mines, les douanes et de façon plus générale dans l’exploitation des ressources naturelles".
Ce rapport de la diplomatie européenne pourrait forcer l'UE à prendre une décision : soit retirer ou modifier le mandat de ses instructeurs de Centrafrique, soit décider de sanctions pour affaiblir l’influence du groupe Wagner et de la Russie.
Les services de Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, ont confirmé ces deux options. Les parlementaires européens sont désormais informés précisément de l'influence et des actions du groupe Wagner en Centrafrique.