Quelques jours après les massacres survenus à Alindao qui ont fait des dizaines de victimes calcinées et détruit la ville, le cardinal de Bangui est venu constater de visu la situation, la semaine dernière. De retour, à Bangui, il en appelle à un sursaut des autorités.
À l'exception des membres du gouvernement, les représentants des partis politiques, et ceux de la société civile avaient répondu ce lundi matin, à l'invitation de l'Église centrafricaine. Pour cette prise de parole, devant un parterre de fidèles, l'Église se voulait solennelle. Le clergé a convié de hauts dignitaires musulmans, pour dénoncer les massacres de la mi-novembre à Alindao. Ceux qui sont attribués aux rebelles de l'UPC et qui ont touché l'Église de plein fouet.
Zones meurtries
"Nous avons perdu deux vicaires généraux ! Ça veut dire qu’on a perdu l'équivalent de deux premiers ministres. C’est énorme pour nous !" souligne le cardinal Dieudonné Nzapalainga. Et d'ajouter : "On a perdu des prêtres, on a perdu des chrétiens, on a perdu des Centrafricains.."
Et le prélat sait de quoi il parle. Le cardinal Nzapalainga s'est rendu sur place en fin de semaine dernière. Précisement, le 20 novembre dernier, quelques jours après les massacres survenues à Alindao. Trois jours d'immersion au cœur de la zone meurtrie pour constater les dégats...
Au moins 60 morts, des dizaines de déplacés, et une localité où tout a été brûlé.
L'idée d'un boycott de la fête nationale
Alors dans ce contexte, à quelques jours de la fête nationale du 1er décembre, il rappelle que l'heure n'est pas aux festivités.
Nous ne pouvons pas continuer à être dans la fête alors qu'à côté les gens pleurent, et n'ont pas à manger... cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui
Pour le cardinal Nzapalainga, il y a urgence. "Nous devons nous poser des vraies questions et chercher des voies et moyens pour sortir de cette crise-là." souligne t-il. "Donc, ce message concerne tous les chrétiens, des hommes et des femmes de bonne volonté qui veulent être solidaires en communion avec ceux qui souffrent actuellement."
Placé à la gauche du cardinal lors de la conférence de presse, l'évêque de Bossangoa Mgr Nongo Aziagbia, arrive aux mêmes conclusions. Il a mené une mission identique à Batangafo dans l'ouest du pays.
Pour lui, une guerre de religion couve. Il accuse également la Minusca, de passivité...