Centrafrique : "Le peuple centrafricain est pris en otage", dénonce Faustin-Archange Touadéra

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Touadéra
Le président de la République centrafricaine, Faustin Archange Touadera (à gauche), est accueilli par le président du Conseil européen, Charles Michel (au centre), et le président français, Emmanuel Macron, lors du sommet UE-Afrique, à Bruxelles, le 17 février 2022.
Olivier Hoslet (AP)
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Le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, a violemment attaqué les Occidentaux dimanche 5 mars à Doha, au Qatar. Il les a accusé "d'entretenir l'instabilité politique" pour piller les richesses du pays et empêcher son développement.

Lors d'un sommet des Pays les moins avancés (PMA) sous l'égide des Nations unies (ONU) à Doha, le dirigeant centrafricain a jugé son pays "victime de visées géostratégiques liées à ses ressources naturelles."

"La République centrafricaine (RCA) est soumise depuis son indépendance à un pillage systématique facilité par l'instabilité politique entretenue par certains pays occidentaux" et des "groupes armés terroristes dont les leaders sont des mercenaires étrangers", a-t-il dénoncé.

"Les attaques récurrentes" de ces groupes visent à "rendre le pays ingouvernable, à empêcher l'Etat d'exercer son droit de souveraineté sur les réserves naturelles et son droit légitime à l'autodétermination."

Exactions contre la population

Après le départ du gros des troupes françaises de RCA, Moscou y a dépêché des "instructeurs militaires" en 2018. Puis des centaines de paramilitaires en 2020 à la demande de Bangui, confrontée à une rébellion menaçante. Les derniers soldats français ont quitté le pays en décembre dernier.

L'expert indépendant de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Centrafrique a accusé, en février, l'armée et ses alliés russes d'exactions contre la population et des élus.

L'Union européenne a ensuite annoncé de nouvelles sanctions contre le groupe paramilitaire russe Wagner pour ses "violations des droits humains" en Afrique, visant plusieurs de ses hauts responsables en Centrafrique, dont "le conseiller à la sécurité" du président, membre de Wagner, et le porte-parole du groupe dans le pays. 

(Re)voir : Russie : peut-on arrêter Wagner ?

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"Embargo injuste et illégitime sur les armes"

Au Qatar, le président a demandé pourquoi son pays, "doté d'un immense trésor géologique - l'or, les diamants, les matières premières stratégiques dont le cobalt, l'uranium, le pétrole - encore inexploité (...) demeure plus de 60 ans après l'indépendance un des pays les plus pauvres du monde".

Il a aussi fustigé "l'embargo injuste et illégitime sur les armes à destination des forces armées centrafricaines et sur le diamant centrafricain" ainsi que "les campagnes de désinformation et de diabolisation de certains médias étrangers en vue de décourager les investisseurs".

"Le peuple centrafricain est donc pris en otage", a-t-il martelé. Il juge les efforts de son gouvernement "compromis par les visées géostratégiques auxquels il est totalement étranger" et appelle à la levée de la suspension de l'aide des bailleurs (Union européenne, Fonds monétaire international, Banque mondiale) et de l'embargo sur les armes et les diamants.