Centrafrique : l'impossible retour à la paix

Les combats ont repris en Centrafrique. Moins de six mois après le renversement de François Bozizé, au moins 60 personnes sont mortes dimanche et lundi dans l'ouest du pays entre les forces du nouveau régime et des hommes présentés comme des partisans du président déchu.
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Centrafrique : l'impossible retour à la paix
Michel Djotodia a pris le pouvoir en RCA en mars 2013. Depuis, le pays s'enfonce dans la violence - ©AFP
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"Cela fait deux jours que des hommes armés se réclamant de l'ex-président François Bozizé se sont infiltrés dans les villages autour de Bossangoa (250 km au nord-ouest de Bangui). Ils ont détruit les ponts et autres infrastrutures (...) Soixante personnes au moins ont été tuées dans ces attaques", a déclaré lundi le porte-parole de la présidence, Guy-Simplice Kodégué. 
La préfecture d'Ouham, dont Bossangoa est le chef-lieu, est la région d'origine du général Bozizé, renversé le 24 mars par la coalition rebelle Séléka dirigée par Michel Djotodia.
Lundi matin, "des tirs nourris d'armes lourdes et légères" entendus dans les environs de Bossangoa, ont fait fuir les habitants, a indiqué à l'AFP sous couvert d'anonymat une source militaire à Bangui.                  
Ces affrontements ont fait une dizaine de morts à Bossangoa dimanche, dont deux employés locaux d'une ONG humanitaire, selon une autre source militaire. Au moins quatre combattants du Séléka ont également été tués, selon le porte-parole de la présidence.
En août, le général Bozizé, de passage en France, s'était dit prêt à reprendre le pouvoir "si l'occasion se présentait", en affirmant privilégier "la voie politique puisque la voie des armes ne vient que lorsque la solution politique n'est pas trouvée".
Centrafrique : l'impossible retour à la paix
L'ancien président centrafricain François Bozizé - ©AFP
Déplacements massifs de population
Ces affrontements aggravent une situation sécuritaire déjà chaotique depuis la prise du pouvoir par le Séléka dont les combattants sont accusés d'exactions, de violences et de pillages à répétition contre la population.
Fin août, le nouveau président Michel Djotodia a interdit aux combattants du Séléka de participer à toute opération de maintien de l'ordre dans la capitale, après des opérations de "désarmement" dans des quartier de Bangui considérés comme des fiefs de M. Bozizé qui s'étaient accompagnées de pillages et d'incendies d'habitations.
Une force africaine, la Misca, a commencé à se déployer à Bangui, où est également positionné un contingent de l'armée française. Mais la Misca ne compte actuellement que 750 hommes - sur un total prévu de 3.652 - en raison notamment de problèmes de financements. C'est bien peu pour sécuriser un pays de plus de 600.000 km2.
Face à la faillite de l'Etat centrafricain, des éléments incontrôlés du séléka et divers groupes armés difficiles à identifier profitent du vide sécuritaire pour semer la terreur.
La semaine dernière, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) avait annoncé que des milliers de personnes avaient été déplacées et au moins huit villages incendiés au cours de récentes violences dans le nord de la Centrafrique.
Les habitants y faisaient état "d'agressions physiques, d'extorsions, de pillages, d'arrestations arbitraires et de tortures commis par des hommes armés" selon le HCR.
Au total, le HCR a enregistré près de 209.000 nouveaux déplacés depuis décembre dans l'ensemble du pays, qui compte moins de cinq millions d'habitants.
Le président français François Hollande avait déjà interpellé l'ONU et l'Union africaine le 27 août, jugeant qu'il était "plus que temps d'agir" dans un pays "au bord de la somalisation", en référence au chaos sanglant dans lequel a sombré la Somalie depuis 1991.