Centrafrique : l'ONU publie un rapport accablant sur l'attaque du village de Boyo de décembre 2021
L'ONU accuse les forces armées centrafricaines d'avoir entraîné et armé les miliciens ayant attaqué le village de Boyo en décembre 2021. Dans cette action ayant duré plus d'une semaine, des exactions assimilables à des crimes de guerre et contre l'humanité ont été commises selon le Haut-Commissariat des droits de l'homme.
Deux petites filles se poursuivent au milieu d'abris de fortune dans le village de Siwa, Centreafrique. 13 février 2021. L'ONU estime à 240 000 le nombre de déplacés en Centrafrique, fuyant les exactions de divers groupes et milices armées.
Un cauchemar qui aura duré plus d'une semaine, du 6 au 13 décembre 2021 à Boyo, préfecture de Ouaka, dans le centre du pays. Au cours de cette attaque, au moins 20 civils sont tués, cinq femmes (majeures et mineures) violées, quelque 547 maisons incendiées et pillées et plus de 1.000 villageois forcés à fuir conclu le rapport du Haut-Commissariat aux droits de l'homme.
#CAR: Our new reports show brutal organised attack in Boyo village by pro-Government militia, & systematic+widespread sexual violence by armed groups. We urge armed groups to cease all attacks on civilians, lay down arms & re-engage in the peace process.https://t.co/p01mqRZ8jXpic.twitter.com/9DP8DqDaq3
Les violations ont été commises "par des éléments armés composés majoritairement d'anciens combattants de la milice anti-Balaka mais aussi des dizaines de jeunes recrutés par (d')autres personnels de sécurité et les forces armées centrafricaines dans les quartiers et dans les villages autour de Bambari et Tagbara", détaille le document.
L'attaque a apparemment été menée pour punir la communauté musulmane de Boyo, perçue comme soutenant un groupe armé engagé dans la lutte contre le gouvernement, l'UPC.
Il s'agit selon l'ONU "d'un des premiers cas (...) où le gouvernement, conjointement avec des membres de sociétés militaires privées, aurait entraîné et armé des jeunes recrutés localement et créé des milices pour pénétrer dans des villages sous le contrôle de groupes armés".
"Du fait de leur connaissance de la région, les recrues locales, formées et guidées par des membres des forces armées de la République centrafricaine et des sociétés militaires privées étrangères, se sont rendues à pied dans le village reculé de Boyo et ont pu identifier leurs victimes", indique l'ONU.
Dans leur réponse officielle au rapport, les autorités centrafricaines ont affirmé que le lien avec les forces gouvernementales "n'est pas corroboré par des éléments de preuve".
Selon le Haut-Commissariat, l'attaque de Boyo confirme une tendance documentée par la mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) "selon laquelle des entreprises militaires privées étrangères, opérant sous la direction ou avec le consentement des autorités gouvernementales, utilisent des mandataires pour perpétrer des attaques contre la population civile".
"Je condamne fermement ces actes horribles. Le gouvernement doit mettre un terme à toutes les violations, qu'elles soient le fait de ses propres forces, de milices pro-gouvernementales affiliées ou de sociétés militaires privées étrangères, et traduire en justice tous ceux qui sont directement ou indirectement impliqués", a déclaré la Haute-Commissaire Michelle Bachelet.
Le rapport conclut que les actes perpétrés à Boyo pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité "pour lesquels les auteurs directs et indirects, les commanditaires et planificateurs pourraient être tenus responsable pénalement".
Un deuxième rapport fait acte de violences sexuelles commises depuis décembre 2020 jusqu'en mars 2022 lors de quatre missions d'enquête dans les préfectures de Mbomou et de la Haute-Kotto ainsi que de la surveillance de la Division des droits de l'Homme. Ces violences ont été commises par des membres du Front Populaire pour la Renaissance de la Centrafrique (FPRC) et l'Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), tous les deux affiliés avec la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC).