Centrafrique : reprise du trafic sur l'axe vital de ravitaillement de Bangui

Les forces pro-gouvernementales en Centrafrique ont repris la ville frontalière de Beloko, ouvrant ainsi l'axe de ravitaillement vital reliant la capitale Bangui au Cameroun, que des groupes armés rebelles bloquaient depuis le début de leur offensive en décembre.
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Les forces de maintien de la paix rwandaises de la Minusca patrouillent à l'extérieur de Bangui, en République centrafricaine, le samedi 23 janvier 2021.
© AP Photo/ Adrienne Surprenant
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"Après les villes de Boali, Bossembélé, Bossemptélé, Yaloké, Bouar, les Forces armées centrafricaines (Faca) et leurs alliés russes et rwandais ont libéré la ville de Beloko, ouvrant ainsi la route nationale jusqu’au Cameroun", a affirmé le gouvernement centrafricain sur sa page Facebook.

"Nous assurerons, dorénavant en toute sécurité, le trafic des personnes et des marchandises sur l’axe Bangui-Beloko dans les deux sens", a aussi indiqué le premier ministre Firimin Ngrebada sur sa page Facebook.

Mi-décembre, six des plus puissants groupes armés qui contrôlaient les deux-tiers de la Centrafrique en guerre civile depuis huit ans se sont alliés au sein de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), puis ont lancé une offensive à huit jours de l'élection présidentielle et législatives contre le régime du président Faustin Archange Touadéra.

Celui-ci a finalement remporté un nouveau mandat au terme d'un scrutin extrêmement contesté, pour lequel plus de la moitié des Centrafricains inscrits n'ont pas eu la possibilité d'aller aux urnes en raison de l'insécurité.

Un axe vital

Repoussée de la périphérie de Bangui après une attaque avortée le 13 janvier, la CPC a cherché à couper le trafic sur les routes nationales 1 et 3, un axe routier vital qui relie la capitale de ce pays enclavé au Cameroun voisin, pour tenter "d'asphyxier" la ville, selon l'ONU.

La rébellion s'est emparée de plusieurs villes, en menant des attaques, souvent fugaces, le long de plus de 700 km de ces routes nationales 3 puis 1 (RN1). 

Mais ils n'ont pu "marcher sur Bangui", se heurtant à des forces bien mieux armées et équipées : quelque 12.000 Casques bleus de la force de maintien de la paix de la Minusca, présents depuis 2014, mais aussi des centaines de militaires rwandais et paramilitaires russes dépêchés fin décembre par leurs pays à la rescousse de M. Touadéra et d'une armée démunie.

Depuis la fin du mois de janvier, l'armée centrafricaine et ses alliés mènent une contre-offensive contre les rebelles afin de permettre la reprise des convois sur l'axe Cameroun-Bangui.

La capitale n'a connu aucune pénurie grave, mais les prix des produits importés, comme la farine ou les oignons, y ont considérablement augmenté.

Selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (Ocha), plus de 1.600 camions sont bloqués à la frontière avec le Cameroun, dont 500 d'aide humanitaire. 

Or, la quasi-totalité des marchandises importées par la Centrafrique, le deuxième pays le moins développé du monde selon l'ONU et totalement enclavé au cœur du continent, arrive par la route depuis le Cameroun.

Premier convoi humanitaire

En 2021, "2,8 millions de Centrafricains et Centrafricaines – 57% d’une population estimée à 4,9 millions d'habitants – auront besoin d’assistance humanitaire et de protection. Parmi elles, près des trois-quarts ont des besoins aigus", écrit Ocha sur son site Internet. 

Lundi, un premier convoi de 14 camions d’aide humanitaire de l'ONU était parvenu à Bangui sous escorte des Casques bleus après 50 jours de blocus.

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Les rebelles, sur la défensive après avoir perdu plusieurs villes, ont annoncé mercredi qu'ils autorisaient temporairement le passage des convois humanitaires vers la capitale. 

La CPC "autorise exceptionnellement et temporairement l’utilisation de l’axe routier Garoua-Boulaï Bangui pour des raisons humanitaires", mais "met en garde les utilisateurs de cet axe contre toutes déviations aux dispositions ayant fait l’objet de négociations", a-t-elle souligné dans un communiqué.

Malgré la reprise de l'axe par l'armée et ses alliés, les convois n'ont pas encore repris et la menace d'embuscades des rebelles persiste pour les transporteurs.